L'artisanat traditionnel des origines à nos jours, à travers les civilisations et les dynasties qui ont régné au Maghreb, a été passé en revue, mercredi à Alger, par le chercheur-journaliste Kamel Bouslama. Affirmant que l'artisanat traditionnel représente une partie intégrante du patrimoine culturel national, M.Bouslama a retracé, lors d'une conférence animée au Palais de la Culture, dans le cadre du mois du patrimoine, le parcours évolutif de cet art populaire dont les origines remontent aux périodes les plus reculées de l'histoire de l'humanité Il a tenu à souligner que la naissance des métiers artisanaux en Algérie a été confirmée grâce aux différentes fouilles archéologiques qui ont permis la découverte d'objets, comme des coquilles d'oeufs d'autruche sur lesquelles des motifs décoratifs datant de l'époque punique ont été constatés par les archéologues. Des quartiers entiers de potiers remontant à l'époque romaine ont été découverts à Constantine dans les années 50, a-t-il indiqué à tire d'exemple pour affirmer que les activités artisanales qui ont toujours existé en Afrique du Nord ont évolué avec le temps et ont été marquées par le passage des civilisations et dynasties. M.Bouslama a, également, évoqué l'influence arabo-musulmane sur les arts populaires berbères notamment durant la période ottomane, citant, à cet égard, le style de décoration des mosquées, outre le développement des quartiers d'artisans par spécialités, comme les quartiers de savetiers, selliers, bijoutiers, céramistes et de tisserands, qui représentaient des lieux de création et de production artisanale. L'occupation française (depuis 1830) était, a-t-il dit, une période durant laquelle «la crise des métiers artisanaux a été accélérée» du fait de la stratégie coloniale, soulignant, toutefois, que les populations étaient restées fidèles à leurs traditions, notamment, par l'usage d'habits (foulards, saroual chelka, saroual arabe, chéchia, turban, burnous, etc.) et d'ustensiles de cuisine «typiquement locaux». Concernant la période actuelle, M.Bouslama s'est demandé si l'activité artisanale est désormais une activité créative ou reproductive, estimant que la majorité des artisans agissent comme des reproducteurs d'ancien modèles et motifs ancestraux dans un but lucratif.