Pourquoi, soudain, un tel intérêt concernant l'élu? Dernièrement, le FLN, dans une ultime concertation avec les têtes de liste que ses instances ont résolu d'envoyer soutenir le programme de leur parti aux prochaines élections législatives, n'a pas manqué de révéler aux journalistes l'existence d'une charte de l'élu qui, dorénavant, constituera le guide du futur député dans ses fonctions. Parmi les principes comportementaux qui devront servir de sésame pour permettre à l'élu d'accomplir son devoir en toute urbanité, il nous a semblé que la discipline faisait partie de ces critères auxquels la nouvelle direction du parti tienne le plus. Pourquoi soudain un tel intérêt concernant l'élu? Sans remonter jusqu'aux années de guerre, on comprendra aisément que le FLN, même doté du prestige que le monde entier lui a reconnu à toutes les étapes de son histoire, ne peut se permettre de consacrer son énergie à éteindre les «incendies» que les circonstances du militantisme actif pourraient susciter dans ses rangs. L'accumulation des incompréhensions entre les hommes, dussent-ils se réclamer de la même sensibilité, les dissonances dans la perception politique de la démarche du parti, les jalousies que peuvent à tout moment provoquer les inégalités de traitement que des cadres ou des militants auraient perçues comme telles, toutes ces «déviances» peuvent en effet susciter des réactions auxquelles les instances d'une formation politique ne sont généralement pas préparées. C'est généralement ce qui s'est passé dans un grand nombre de partis depuis la naissance chez nous du multipartisme. Qui ne se souvient d'un certain Parti social-démocrate (PSD) dont les fondateurs originels n'ont jamais trouvé de compromis pour éviter à leur formation de sombrer dans le chaos avant de disparaître définitivement de la scène politique. D'autres partis subiront le même sort depuis 1989. Les observateurs n'ont rien trouvé à redire jusqu'ici sur ces phénomènes d'inadaptation et pour cause. Débordant de sympathie pour l'expérience démocratique inaugurée en 1989 et dont ils continuent inlassablement de soutenir l'élan, ils ne comprennent pas, après une expérience de plus de dix ans, que les mêmes phénomènes se manifestent et se posent encore au sein des formations politiques. On comprendrait à la limite que des partis antidémocratiques s'entre-déchirent et parviennent en fin de cycle à sombrer avec armes et bagages dans l'enfer des empêcheurs de tourner en rond, mais que des partis préparés pour construire la démocratie, à l'instar du RND, soient obligés de tirer à boulets rouges sur leurs dissidents, on ne comprend vraiment pas d'autant que les élections approchent. Pourquoi Nouasria et ses amis n'ont-ils pas attendu que le scrutin du 30 mai soit passé pour vider leur querelle avec le secrétaire général de leur parti. La réponse serait: «Allez savoir!» A moins que la fonction de député ne soit si attrayante que certains éléments peu disciplinés du RND ne l'aient perçue comme la cause de leur éviction de la compétition électorale. Pourquoi tant de chahut a-t-il émané d'une certaine catégorie de militants du RND et dans ces circonstances en particulier? Selon les observateurs, il semble qu'il s'agit là d'une frustration à laquelle ces gens-là ne s'attendaient pas du tout, à savoir que la mesure que les instances du RND leur ont infligée n'aurait de chance d'être justifiée un jour que par le fait qu'on leur a ôté la jouissance d'un confort que le travail accompli par certains députés durant leur mandat au sein de l'APN n'a jamais justifié.