Le Chef du gouvernement, et également patron du FLN, a expliqué que la Constitution lui confère le droit de proposer le staff gouvernemental. Abdelaziz Belkhadem, le Chef du gouvernement veut un remaniement ministériel. C'est lui-même qui l'a dit lors de son passage, jeudi dernier, sur les ondes de la radio Chaîne II, en soutenant en substance : “Je souhaite un remaniement du gouvernement.” Belkhadem précisera néanmoins que son “souhait” n'est pas celui d'une personne quelconque mais bien “celui d'une personne occupant un poste de responsabilité”. “J'ai dit que je souhaite ce remaniement, mais plus encore, j'ai écrit et parlé avec le Président sur un certain nombre de choses à ce propos”, révéla-t-il. Plus précis, il dira que “quand un responsable souhaite, cela veut dire que le souhait est suivi de mesures !” En d'autres termes, le remaniement gouvernemental est à l'ordre du jour, même si le Chef du gouvernement se garde de le dire en substance. Toutefois, le Chef du gouvernement, et également patron du FLN, expliquera à ce sujet que la Constitution qui lui confère le droit de proposer le staff gouvernemental, stipule que la décision de ce changement est de la seule prérogative du président de la République, refusant cependant d'évoquer la liste de la composante du gouvernement dont il a parlé au président de la République. Code communal, prêt avant les législatives Abordant les codes communal et de wilaya, l'intervenant soulignera que ces deux codes “doivent êtres prêts avant les prochaines élections législatives et locales”, en raison relève-t-il de l'existence d'un “certain nombre de dysfonctionnements dans la gestion des affaires locales des communes et des wilayas, pour cause du poids des responsabilités confiées aux élus, avec, en contrepartie, une insuffisance des moyens nécessaires à l'accomplissement de leurs missions”. Ce “dysfonctionnement”, a-t-il considéré, est dû essentiellement “à l'ambiguïté et l'imprécision des prérogatives de l'élu et de la tutelle administrative, qu'il s'agisse du chef de daïra, du wali ou du ministre”. Sur ce chapitre, il relèvera que “près de 1 300 communes sur 1 541, souffrent de déficit financier et n'arrivent même pas à régler les salaires de leurs employés”. Quand interviendra la révision des deux codes ? “Ce sera soit par ordonnance présidentielle avant l'échéance électorale en question, ou alors elle sera soumise à adoption à la prochaine assemblée législative”. “Les partis sans ancrage ne devraient pas bénéficier des aides de l'Etat” Sollicité à propos de la programmation de la loi électorale, l'intervenant à eu deux réponses à cette question : “En tant que Chef du gouvernement, je dirai que ce n'est pas une priorité mais en tant que chef de parti je revendique la priorité de sa révision.” Pour étayer ses dires, le leader de la formation majoritaire indiquera : “Nous voulons une révision du mode électoral, le règlement de la problématique de la tête de liste, mais aussi le règlement du problème des partis politiques qui bénéficient de l'aide de l'Etat.” Sur ce dernier point, le patron du FLN indiquera qu'il “faut que les partis, qui bénéficient de ces aident, aient un enracinement populaire !” Interrogé si le FLN pourrait se départir de ses partenaires de l'alliance présidentielle au cas où il viendrait à remporter la majorité des voix lors des prochaines élections locales et législatives, l'hôte de la radio Chaîne II dira non car “la politique de son parti est dictée par le réalisme et le souci d'élargissement de la participation politique”. “Les walis seront auditionnés par le gouvernement” Interrogé à propos de la mise en œuvre du programme de développement du président de la République, Belkhadem fera part de ses inquiétudes concernant “les moyens de réalisation de ce programme”. “Ces moyens de réalisation sont insuffisants pour la mise en œuvre de ce programme à tel point, dit-il, que nous avons sollicité à des compétences étrangères pour leur expérience, mais également dans l'objectif de respecter les délais de réalisation”. Autre mesure prise dans l'objectif d'accélérer la mise en œuvre du programme présidentiel et lui “donner un nouveau souffle” est la convocation hebdomadaire d'un Conseil de gouvernement pour entendre les walis : “Chaque wali viendra en présence de l'ensemble du gouvernement pour expliquer l'état d'avancement des projets de développement et s'enquérir des problèmes auxquels font face les wilayas.” Le prochain Conseil de gouvernement accueillera le wali de Chlef note Belkhadem. Dans le même temps, le ministre de l'Intérieur “effectuera des visites hebdomadaires pour suivre la mise en œuvre du programme de développement”, annoncera encore le Chef du gouvernement. Interrogé, en outre, à propos des critiques du président de la République sur le régionalisme ainsi qu'une répartition inégale des projets entre les différentes wilayas du pays, l'intervenant expliquera qu'effectivement “il y a des wilayas en retard par rapport à d'autres”. “Ces wilayas en plus des projets de développement dont elles doivent bénéficier, nécessitent aussi un rattrapage et une mise à niveau”, releva-t-il tout en indiquant : “Je m'appliquerai à partir de mardi à mettre en évidence les insuffisances et le manque de projets de ces wilayas.” “Les statuts particuliers suivis d'une augmentation de salaires” Evoquant le statut de la Fonction publique, le Chef du gouvernement a expliqué que les statuts particuliers régissant les différents secteurs “seront promulgués dans deux ou trois mois”. “Il y aura forcément revalorisation des salaires quand les statuts particuliers seront adoptés !” Il annoncera, en outre, l'examen de la nouvelle grille des salaires dès le deuxième semestre 2007. La finalisation de la grille des salaires sera à l'origine d'une mobilité des fonctionnaires en ce sens que “l'administration sera en mesure de capter les compétences à travers des rémunérations conséquentes”. Le Chef du gouvernement appellera, en outre, à la mise en place de critères de candidatures à tous les postes de responsabilité au niveau des institutions de l'Etat dans l'objectif d'exercer un meilleur contrôle. “Nous serons amis avec la France lorsqu'il y aura des excuses” À une question sur les relations algéro-françaises, Belkhadem a affirmé que l'Algérie veut une relation “d'égal à égal” avec la France et souhaite que le dialogue entre les deux pays soit basé sur “les intérêts communs”. “Nous voulons une relation d'échanges entre deux pays souverains mais à condition que cela ne soit pas au détriment du devoir de mémoire”, a-t-il souligné tout en expliquant que “nous n'avons pas d'hostilité avec le peuple français, mais nous refusons ceux qui ont la nostalgie de l'époque coloniale”. Le traité d'amitié algéro-français est-il encore d'actualité ? Pour répondre à cette question Belkhadem a utilisé une image. “À chaque semence sa saison, et quand la saison est passée…” Plus précis, le patron du FLN martèlera que “quand ils s'excuseront, nous deviendrons des amis”. “Il faut qu'ils s'excusent”, relance le Chef du gouvernement. En réponse, en outre, à une question sur le devenir du dialogue entre le gouvernement et les archs de la Kabylie, Belkhadem a affirmé que le gouvernement considère que le dialogue “est une valeur qu'il faut toujours favoriser” et “respecte et honore les engagements de l'Etat” à travers la mise en œuvre de “l'accord signé entre l'ancien Chef du gouvernement et les représentants des archs”. “Amnesty International n'a rien à nous reprocher” Sollicité pour une réaction à propos des critiques d'Amnesty International s'agissant de la situation des droits de l'Homme en Algérie et de la peine de mort non encore abolie, l'intervenant martèlera qu'“AI n'a rien à nous reprocher !” Son explication est que même si la peine de mort est en vigueur en Algérie, elle n'a cependant jamais été appliquée. “La peine de mort fait partie de notre arsenal juridique mais non appliquée pour toutes les injustices qu'elle connaît”, dit-il. Sollicité en outre sur l'évolution du dossier de la réconciliation nationale après le dernier bilan rendu public par ses soins, le Chef du gouvernement a noté qu'“il y a ceux considérés initialement comme étant des disparus, qui sont revenus et qui ne sont plus considérés comme tels selon Ksentini”. NADIA MELLAL