A la veille de sa visite en Algérie, le ministre français a brossé un tableau positif. Le ministre d'Etat français de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, Jean-Louis Borloo, a estimé que toutes les portes du marché énergétique français et même européen sont ouvertes à la société algérienne Sonatrach. «L'ouverture du marché européen de l'énergie à la concurrence a pour but d'offrir aux consommateurs la possibilité de choisir leur fournisseur de gaz naturel.» a-t-il dit dans un entretien qu'il a accordé à l'APS. Il a affirmé que «Sonatrach est une très grande entreprise, au savoir-faire reconnu qui dispose également de réserves considérables et qui peut donc proposer des prix très attractifs». Concernant la problématique de la sécurité des pays consommateurs et des pays producteurs du pétrole, le ministre français a estimé «que l'on soit un pays producteur ou consommateur de pétrole, nous sommes tous confrontés aux mêmes urgences: la raréfaction des ressources et le dérèglement climatique». Pour lui, «les stratégies (des pays consommateurs et producteurs) convergent vers les mêmes buts: l'efficacité, l'économie d'énergie et la protection de l'environnement». Et de renchérir: «Actuellement, le coeur du problème n'est pas tant le pétrole que le carbone rejeté dans l'atmosphère». Le but du Grenelle Environnement n'est donc pas de construire une économie sans pétrole, mais de poser les bases d'une croissance neutre en carbone. M.Borloo a salué l'expérience algérienne en matière de séquestration de carbone, en avançant qu'il aura l'occasion de «découvrir l'expérience» menée sur le site d'In Salah. L'émissaire du gouvernement Fillon souhaite que l'Algérie et la France «travaillent ensemble pour le développement d'autres projets de ce type très novateurs». Le ministre a exprimé sa satisfaction suite à l'élection de l'Algérie, en décembre 2007 à Bali (Indonésie), à la présidence du groupe africain sur le changement climatique pour la période 2008-2009. «Il s'agit tout d'abord d'une reconnaissance méritée de la place qu'occupe l'Algérie sur la scène internationale», a-t-il estimé. Le secteur des hydrocarbures est le chantier qui capte en grande partie l'intérêt des opérateurs étrangers. La venue de M.Borloo a pour objet d'approfondir la coopération dans d'autres domaines. «L'attractivité de l'Algérie en matière d'investissements est une réalité incontestable». Ce constat émane du ministre français qui est attendu aujourd'hui à Alger. Dans un entretien accordé à l'agence algérienne de presse, celui-ci a souligné que «l'Algérie est en train d'écrire une nouvelle page de son histoire». S'agit-il d'une véritable évaluation ou juste d'un compliment? M.Borloo constate que depuis 1998, elle enregistre une «nette accélération» des flux d'investissements directs étrangers (IDE). «Cela traduit une réalité incontestable: l'Algérie est redevenue un pays très attractif pour les investisseurs étrangers», a-t-il estimé. Il a rappelé, dans ce sens, la notation de l'Algérie en A4 par l'assureur français des crédits à l'exportation (Coface) qui qualifie de «satisfaisant» le risque-pays Algérie. Cependant, les investissements étrangers sont loin d'atteindre les résultats escomptés, et ce, malgré les opportunités offertes. Les opérateurs français restent toujours sceptiques à l'investissement en Algérie. Sur ce point justement, M.Borloo a fait valoir que la France est le premier investisseur européen en Algérie où étaient recensées, à fin 2007, 300 implantations françaises, soit le triple qu'en 2005. Or, ce chiffre est en-deçà des ambitions politiques et économiques fixées entre les deux pays. Pour preuve, les projets réalisés sont limités dans la taille et dans la forme. Pour ce qui est de l'investissement lourd, les français traînent toujours le pas. Malgré le renforcement des relations politiques et économiques, sur le terrain c'est le statu quo. Si l'on tient compte du nombre des visites multipliées par les responsables français en Algérie, elles devraient booster l'investissement. Ce qui n'est pas le cas justement. L'appel du Medef et les rapports de la Coface n'ont pas réussi à secouer les hommes d'affaires français pour mettre le paquet en Algérie. Ces derniers considèrent toujours l'Algérie comme un marché et non pas une assiette d'investissement.