Percutant et décidé, le collectif des avocats de la ville des Genêts veut mettre les problèmes à plat! Le collectif des avocats de Tizi Ouzou a animé hier, à l'hôtel Lalla-Khedidja, un point de presse. Les Robes noires ont eu à coeur la défense des citoyens et autres délégués du mouvement citoyen arrêtés ces derniers temps. Comme de juste, tout est passé à la loupe dans cette affaire où les avocats ont évoqué «la célérité dans le traitement des affaires diligentées contre le mouvement» et ont souligné «l'immobilisme face aux plaintes des citoyens contre les services de sécurité». Tout d'abord, les avocats du collectif ont tenu à rétablir certaines vérités à propos de ce qui est rapporté ici et là. Ainsi, l'on a appris que parmi les citoyens jugés, environ une quinzaine a été relaxée et d'autres ont été condamnés avec sursis. Comme ils ont informé que «depuis ce samedi, 22 détenus de Tizi Ouzou sont en grève de la faim, ils seront rejoints par d'autres». Le traitement des dossiers par la justice a longuement été évoqué par les avocats, qui ont parlé «de traitement à deux vitesses!» Ils ont également noté que l'ordonnance de renvoi emploie le terme de «décès», alors que le terme «assassinat» est le plus approprié. Tout comme les chefs d'inculpation qui sont considérés par les conférenciers «uniques et iniques». Ainsi, «on parle d'atteinte à l'ordre public, d'injures à l'adresse des services de maintien de l'ordre, alors que lors des procès, aucun chef d'inculpation ne résiste à l'analyse...». Et le collectif d'asséner: «En matière correctionnelle, le ministère public est tenu de présenter une liste des biens détruits, alors que pour ce qui est de l'atteinte à corps constitué, aucune preuve n'est venue soutenir cette accusation...». Abordant la détention préventive, les avocats diront qu'«elle est arbitraire ; la grève de la faim des détenus est là pour le dire, (...) cette procédure est contraire à la présomption d'innocence». Les avocats ont eu également à révéler que l'une des leurs, Me Hadj-Arab a été victime d'intimidations: «L'éthique et le souci d'indépendance ont été foulés au pied !» Selon le collectif, leur consoeur aurait été «visitée par 2 inspecteurs de police, qui se sont comportés en territoire conquis!» Ce qui leur fait dire qu'il s'agit-là d'une bavure intolérable! A ce propos, le collectif relève le fait que «les interrogatoires se déroulent au siège de la police». Lors d'un éventuel interrogatoire d'un avocat, le bâtonnier est saisi au préalable. Pour eux, le juge algérien est «terrorisé». Et de parler de la «mainmise de la chancellerie sur l'appareil judiciaire». «Le syndicat lutte à armes inégales avec la chancellerie, pour arracher l'indépendance de la justice...». Quant aux détenus, les avocats affirment: «Le ministère de l'Intérieur a lancé un appel pour arrêter les délégués. Dans les pays à tradition judiciaire établie, cela s'appelle un dérapage inexcusable!». Comme ils n'ont pas manqué de relever le fait que «le ministre de la Justice, garde des Sceaux est... en compétition électorale. Le fait, aussi que ce ministre de souveraineté, soit également chef de parti est inadmissible!». Après être revenu longuement sur les demandes de mise en liberté provisoire encore non traitées et les conditions de détention plus que difficiles, voire atroces, l'un des avocats ira jusqu'à comparer «ces prisons à des mouroirs!», évoquant les suicides dont aucun chiffre n'existe, les maladies chroniques, les dépressifs, etc. Enfin, le collectif souligne que les familles ont déposé, par l'intermédiaire du collectif, plusieurs plaintes: 90 à Larbaâ Nath-Irathen, 14 à Alger, 150 à Tizi Ouzou, 50 à Tigzirt, 50 à Draâ El-Mizan et 50 à Azazga... comme a été souligné «le caractère de détention arbitraire et expéditif». Le collectif des avocats s'est montré un redoutable «procureur». Devant les «dossiers vides» du parquet, dans l'affaire des détenus du mouvement citoyen, le collectif plaide... pour la relaxe pure et simple. En attendant, il se dit plus déterminé que jamais à «militer pour l'indépendance de la justice!»