Le président du RCD a été entendu, hier, au tribunal de Tizi Ouzou par le juge d'instruction. Peu après, il a animé un point de presse à l'hôtel Lalla-Khedidja. C'est entouré des élus locaux, de députés, des membres du bureau régional et de quelques membres de l'exécutif ainsi que de son collectif d'avocats que le président du RCD est arrivé, hier, vers 10h30, au tribunal de Tizi Ouzou. L'audition de Saïd Sadi a duré plus d'une heure, alors que des personnalités politiques telles que Djamel Ferdjallah, 1er vice-président du parti, Khalfa Mammeri, des membres de la direction et des militants de base attendaient devant le tribunal. Après l'audition, vers 14h, le Dr Saïd Sadi a animé un point de presse. Le leader du RCD a ainsi affirmé qu'en «se constituant partie civile (dans l'affaire Amenouche, ce militant RCD, qui aurait été kidnappé sur la route de son domicile et, selon lui, approché pour commettre un assassinat sur la personne du président du RCD, Ndlr), la justice ne peut que répondre à l'affaire». Pour Sadi, «la responsabilité de l'Etat est engagée dans des affaires troubles». Le chef du RCD a insisté longuement sur «le silence des institutions de l'Etat». Le Chef du gouvernement a été dûment informé et il a été chargé de tenir au courant le chef de l'Etat et le bureau de l'APN. Et de marteler: «Le silence des autorités veut dire que la tentative d'assassinat d'un responsable politique, l'enlèvement et la torture d'un citoyen sont une affaire banale». Le Dr Sadi a précisé en outre que «17 ambassadeurs de pays partenaires de l'Algérie ont été informés de cette affaire. Ce qui, selon Sadi, les a le plus choqués, c'est le silence des institutions de l'Etat...». Revenant sur les «services spéciaux», le conférencier affirme que le dossier de ces services et des assassinats politiques ne relève pas du débat public, il ajoute: «Il est intéressant d'avoir des services spéciaux forts, mais ils se doivent de s'attacher à faire uniquement leur travail» Pour lui, «le pluralisme politique et les problèmes des droits de l'Homme ont été imposés par la société». Et, à le suivre, «ce sera de la même manière que les débats relatifs à cette affaire s'imposeront». En ce qui concerne l'internationalisation de cette affaire, Saïd Sadi pense que «devant le mutisme des institutions de l'Etat, je me donne le droit d'informer les Parlements américain, européen et arabe...». Selon lui, d'ores et déjà, des avocats se sont mobilisés sur la scène internationale, la commission des droits de l'Homme de l'ONU sera saisie, car pour lui, «il faut débarrasser l'Algérie de ces pratiques». Evoquant parallèlement les événements de Kabylie, Saïd Sadi signale qu'«aucun gendarme n'a encore été sanctionné», et à propos de la catastrophe de Bab El-Oued, qu'il veut l'illustration de l'impunité, Sadi soutient qu'«aucune sanction, même administrative n'a été enregistrée» contre les responsables défaillants. Pour lui, «cette impunité et cette stratégie de la manoeuvre qui vise à aboutir à l'oubli, doivent être combattus». Parlant de la rencontre Chef du gouvernement-délégués des ârchs, Sadi n'a évoqué que le seul atelier de «poursuites judiciaires». «On veut faire substituer à la justice une instance sortie du néant...» A une question posée par un confrère, portant sur le silence des partis et formations politiques autour de l'affaire Amenouche, Saïd Sadi souligne: «Dans la société, la vie publique est rythmée par des interdits et des tabous.» Comme il se dit convaincu que pour le moment, il mène la lutte seul avec les franges de la société.