Le candidat à l'investiture démocrate vient de remporter, haut la main, les primaires l'opposant à l'ex-première Dame, Hillary Clinton. «Obama for Président» criaient, enthousiastes, les supporters du premier candidat noir à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle du 4 novembre prochain. Le suspense a plané tout au long des semaines parcourues au rythme des caucus et des primaires devant départager les deux principaux candidats: Barack Obama, premier Noir dans l'histoire des élections américaines à se présenter pour la sélection des primaires, et Hillary Clinton, ex-première Dame et aussi première femme à postuler aux plus hautes fonctions de l'Etat fédéral américain. Un long marathon, qui a finalement donné son verdict mardi, après l'une des deux dernières primaires, qui a vu Obama l'emporter dans le Montana, assurant du coup, de manière définitive, son ticket pour la finale du 4 novembre. Ce sera donc le «match» «Obama vs McCain», que les Américains auront à arbitrer. Le candidat républicain a assuré, dès le mois de mars, son billet pour le rendez-vous de novembre. «Cette nuit, après 54 difficiles consultations, notre saison de primaires arrive à son terme (...) Cette nuit, je peux dire devant vous que je serai le candidat démocrate pour la présidence des Etats-Unis», a déclaré le sénateur de l'Illinois devant des milliers de partisans rassemblés dans le Palais des expositions de Saint Paul (Minnesota, Nord). Le jeune sénateur de l'Illinois, Barack Obama, représente, à 46 ans, un grand espoir de changement pour les nouvelles générations américaines qui attendent beaucoup d'un homme dans lequel ils se reconnaissent mais qui, surtout, n'a pas été impliqué dans les politiques américaines de ces dernières décennies marquées par la mainmise d'une fratrie (démocrate et républicaine) sur la vie politique du pays. A ce titre, le candidat républicain, John McCain, 71 ans, ancien vétéran de la guerre du Vietnam, apparaît comme un personnage désuet, déphasé par rapport à une population américaine majoritairement quadragénaire et quinquagénaire. De fait, beaucoup de démocrates accusent John McCain, de briguer un «troisième» mandat de George W.Bush. M.McCain se démarquant de l'impopulaire président sortant, affirme pour sa part, que ses lecteurs auraient «un choix entre le bon changement (lui, bien sûr) et le mauvais changement (Obama), entre avancer et reculer». Mais, Barack Obama semble plus en prise avec son temps que ne l'est son vis-à-vis républicain. Ce dernier, qui a soutenu la guerre de l'administration Bush en Irak, a affirmé, lors de sa campagne électorale pour l'investiture républicaine, que les Etats-Unis sont prêts à demeurer un siècle dans ce pays (Irak), contrairement à son concurrent démocrate qui veut désengager rapidement le contingent américain englué dans une guerre que de nombreux Américains estiment qu'elle n'est pas la leur. Mais hier, le candidat démocrate s'est surtout astreint à savourer une victoire qui a été longue à se dessiner et arrachée au finish. D'ailleurs, dès les résultats de la primaire du Montana connus, l'adversaire de Mme Clinton - qui refusait toujours, hier, d'admettre sa défaite «Je ne prendrai pas de décision ce soir», a-t-elle dit devant ses partisans - a rendu un hommage appuyé à l'ex-première Dame américaine, indiquant que «la sénatrice Clinton a fait l'histoire dans cette campagne», a-t-il dit sous les applaudissements nourris de ses partisans qui étaient plus de 40.000 à célébrer avec lui la victoire. Barack Obama consacra, en revanche, son discours à une attaque en règle contre le candidat républicain, John McCain, qu'il accusa de vouloir poursuivre la politique de George W.Bush, affirmant: «Il est temps de tourner la page des politiques du passé». Sans doute que le sénateur démocrate va axer sa future campagne présidentielle sur cet aspect «d'homme du passé» de son adversaire républicain, lequel n'a pas attendu la victoire du sénateur de l'Illinois pour l'attaquer sur sa supposée inexpérience politique, sur sa méconnaissance des grands dossiers internationaux. M.McCain mise aussi sur la présumée désunion du camp démocrate - écartelé durant plusieurs mois par les deux favoris, Mme Clinton et M.Obama. Hillary Clinton semble, cependant, réfléchir, d'ores et déjà, à un possible «ticket» Obama-Clinton. Un «ticket» assez séduisant - pour de nombreux démocrates qui veulent resserrer leurs rangs face aux Républicains - dans la mesure où un tel «regroupement» réunirait à nouveau la famille démocrate, mais apparaît assez utopique dans l'état actuel des choses. Déjà, la question que se posent les observateurs est de savoir si l'électorat américain est, aujourd'hui, suffisamment mûr pour admettre, ou accepter un président Noir, de même si le conservatisme américain est prêt à travailler avec une femme fut-elle vice-présidente. En fait, il y a encore beaucoup d'inconnus autour du scrutin du 4 novembre et ni le candidat républicain, ni le démocrate n'ont, pour le moment, fait connaître de préférence pour leurs futurs colistiers. Nonobstant cet aspect, assez technique en fait, reste la grande inconnue qui reste le positionnement des candidats à l'investiture présidentielle américaine quant aux grands dossiers de l'heure, en particulier la question palestinienne, la guerre en Irak et en Afghanistan, la question du changement climatique et les positions de MM.McCain et Obama sur le Protocole de Kyoto - snobé par George W Bush - en sus des dossiers concernant la sécurité dans le monde et le terrorisme international...De fait, la route menant à la Maison-Blanche est encore longue et autant Barack Obama que John McCain ont encore beaucoup à prouver et à convaincre. Pas seulement l'électorat américain.