«Le monde ne peut pas échouer face à la crise alimentaire mondiale», a déclaré hier, à Rome, le secrétaire général de l'ONU. Le Sommet organisé par la FAO Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, s'achève aujourd'hui sur un appel fébrile de Ban Ki-moon. «Le monde ne peut pas échouer face à la crise alimentaire mondiale», a lancé à l'assistance le secrétaire général de l'ONU avant de quitter la capitale italienne. Intervenant au nom du Président Bouteflika, le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, a lu le message du chef de l'Etat à la réunion de Rome, dans lequel il réitère le fait que «la crise actuelle a révélé et mis en exergue les limites opératoires du concept de sécurité alimentaire, du moins tel qu'il a été appréhendé et défini lors du Sommet mondial de l'alimentation de 1996» M.Bouteflika a, par ailleurs, estimé que «ce concept (de sécurité alimentaire) doit être réapprécié, de manière consensuelle, à la lumière des bouleversements qui semblent se dessiner et, éventuellement, à l'occasion d'un prochain Sommet mondial de l'alimentation». Le Président Bouteflika a encore estimé que cette conférence, qui permet de débattre du problème fondamental de la sécurité alimentaire mondiale, «coïncide avec un contexte de crise qui met en péril les grands équilibres écologiques, économiques et socio-politiques de notre planète et de nos sociétés». Dans sa déclaration au Forum de Rome, le secrétaire général des Nations unies a semblé très critique envers le laissez aller actuel, affirmant, notamment que «le monde ne peut pas échouer devant la crise alimentaire mondiale» Dramatise-t-il la situation pour obtenir le plus de solidarité et d'adhésion possibles pour tenter de sauver de la famine près d'un milliard d'êtres humains à travers la planète (les chiffres avancés parlent de pas moins de 862 millions)? L'heure n'a sans aucun doute jamais été aussi grave. «La flambée des prix des denrées alimentaires risque non seulement d'aggraver la situation de 862 millions d'affamés dans le monde, mais aussi de plonger dans la pauvreté extrême et la faim des millions d'autres personnes», a tenu à faire savoir l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la FAO. La catastrophe guette. Que faire dans pareil cas? 17 millions de dollars ont été débloqués par l'Organisation onusienne (la FAO). Une initiative d'urgence. Il faut agir vite. Il n'y a pas de temps à perdre. La vie de centaines de millions d'êtres humains est en jeu. Il faut contrer le plus rapidement possible la flambée des denrées alimentaires de base. Stopper l'hémorragie. Un communiqué publié en marge de ce Sommet de Rome a fait état de cette décision. Sera-t-elle suffisante? Il faut agir vite, aller à l'essentiel même avec le peu de moyens dont on dispose. «On ne peut pas se permettre d'échouer. C'est une lutte qu'on ne peut pas se permettre de perdre, la faim crée l'instabilité et nous devons réagir maintenant et tous ensemble.» C'est un des nombreux appels pathétiques qu'a lancés Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse qu'il a conjointement animée avec Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale. Pour être jugulée, la crise alimentaire mondiale nécessite un effort financier de 15 à 20 milliards de dollars par an. Une action immédiate. «Le plan d'action doit être mis en place de façon urgente, des millions de personnes attendent. On aura besoin de 15 à 20 milliards de dollars par an», a tenu à souligner le secrétaire général des Nations unies. Les 17 millions de dollars débloqués en urgence par la FAO semblent représenter une somme dérisoire. L'Organisation le reconnaît: «Les pays les plus touchés, plus particulièrement en Afrique, auront besoin de beaucoup plus.» Elle estime à 1,7 milliard de dollars les besoins de la relance des systèmes agricoles négligés durant des décennies. Le plan d'action de la Banque mondiale prévoit, quant à lui, de se concentrer sur les vingt pays les plus vulnérables de la planète. En plus de la levée des barrières commerciales, il a prévu de fournir semences et fertilisants aux pays en développement. «Sans une action rapide, cette crise va détruire le potentiel de toute une génération. Ce n'est pas une catastrophe naturelle. Elle est créée par l'homme et doit être réglée par l'homme», a estimé M.Zoellick, président de la BM. L'homme a-t-il déjà sérieusement hypothéqué sa présence sur terre?