Dans ce petit coin d'Algérie, les gens sourient quand vous leur parlez de chômage... Ighil Aouène ou le village du fond de l'oubli! Ighil Aouène est un village appartenant à la commune de Souk El Khemis dans la daïra de Maàtkas, à environ une vingtaine de kilomètres au sud du chef-lieu de wilaya. Mais Ighil Aouene, tout comme le chapelet de villages et hameaux de cette zone, se situe carrément en dehors du développement. Une école primaire, un collège, un dispensaire sans médecin depuis des lustres et circulez, il n'y a plus rien à voir. Las d'attendre, les habitants de ce village viennent d'adresser au wali une requête dont une copie a été distribuée à la presse. Dans cette missive, ils disent avoir décidé, lors d'une réunion, le 31 mai dernier, de «procéder à l'arrêt des travaux de revêtement de la route traversant le village et reliant le CW 128: Boghni - Draà Ben Khedda». Cette route, en fait une piste ouverte lors de la guerre d'indépendance, revêtue il y a des années, a bénéficié d'une enveloppe pour le bitumage de 1700 mètres comme première tranche depuis 2000. Or, une entreprise chargée du projet s'était manifestée le 31 mai dernier pour entamer des travaux sur seulement 800 mètres. Et pour cause, la valeur du mètre de bitume a connu une augmentation. C'est donc le citoyen qui fait les frais de cette augmentation puisque les travaux ne se feront que sur deux cents mètres. Il n' y a pas que la réduction des travaux, les citoyens ont également constaté d'autres anomalies, à savoir les travaux de revêtement engagés sans le nettoyage, la construction des ouvrages pour les eaux pluviales en majorité endommagés. Pour la qualité des travaux, c'est une autre paire de manches, «(...) elle laisse à désirer, avec la couche de bitume réduite dans le meilleur des cas à une couche d'environ quatre centimètres...», disent ces citoyens. Aussi ont-ils décidé à l'unanimité de procéder à l'arrêt immédiat des travaux en exigeant le revêtement de l'intégralité de cette route et ce sur le tronçon total, soit sur ses 3000 mètres de longueur et d'engager des travaux d'aménagement des accotements, des fossés et des ouvrages endommagés. Les villageois souffrent du manque de branchement au réseau d'AEP, comme Ighil Aouene recense le manque flagrant d'assainissement. Le collecteur, qui part du collège de la localité, traverse le village et seules quelques maisons bénéficient de cet ouvrage. Il est à signaler que le collecteur débouche dans un ravin où il est laissé à ciel ouvert. Le dispensaire du village est depuis des lustres sans médecin, seul un infirmier essaie comme il peut de faire face aux urgences. L'agence postale située dans le village voisin de Tizi Tzouguert, est fermée depuis quelques années en raison du terrorisme, l'éclairage public est insuffisant et l'aire de jeux est tout simplement absente. Les jeunes passent leur temps à pousser le ballon sur des terrains vagues proches de l'oued coulant à côté du CW 28. Alors que le transport scolaire pour les lycéens, stationne à environ 3 km,au dessus du village. Les travailleurs doivent eux, descendre sur le CW 128 et prier pour que les bus daignent s'arrêter. Les gens d'Ighil Aouène sourient quand on parle de chômage, un universitaire natif de ce village dira: «Cela va faire six ans que je suis sorti de l'université et j'attends toujours que l'on réponde à mes mille et une demandes! Au village, le taux de chômage avoisine les 90%!»