Quelles que soient les décisions qui sortiront de la réunion de l'assemblée générale de la FAF, elles ne changeront strictement rien à l'état de déliquescence du football algérien. Le rideau est tombé sur les championnats 2007-2008. Avec le recul, l'observateur objectif de ces longues compétitions est en droit de conclure, qu'en définitive, les résultats auxquels sont parvenues les équipes en lice découlent de la plus élémentaire logique, malgré tout ce qui a été mis en oeuvre pour que la déontologie sportive soit souvent bafouée. En D2, il y avait dès le début un certain nombre de formations qui donnaient l'impression d'être en mesure d'accéder à la Nationale1. Cette impression était confortée autant par leurs atouts réels que par leur longue histoire. Dans ce peloton de tête, le MC El Eulma figurait en bonne place, aux côtés de son homonyme de Batna, de l'Union sportive d'El Harrach, de l'USMS et de l'ASMO. On aurait pu, au tout début du championnat, ajouter, à la rigueur, le CA Batna et le RC Kouba. Les premières rencontres mirent en exergue les potentialités du MCEE, qui avait été injustement privé de l'accession à l'issue d'une saison 2006-2007 riche en péripéties qui n'avaient, hélas, rien à voir avec le sport. Il faut rappeler que cette équipe chargée d'histoire, court vainement après l'accession depuis 1972, année où des manoeuvres triangulaires l'avaient injustement privée d'une promotion amplement méritée. Les anciens de cette formation se remémorent avec beaucoup de regrets et de nostalgie, comment la formation du MSPB et de la JSD Jijel, ainsi que du CAB avaient orchestré un décalage horaire, faussé les résultats et modifié l'issue du championnat, avec la complicité active d'un certain M.Lahmar, qui officiait en tant qu'arbitre, lors du match MCEE-USMS. Il faut dire, sans que cela soit retenu à leur décharge, que les Allemands et les Autrichiens, qui combinèrent de la même façon au détriment de notre EN lors de la Coupe du Monde de 1982, n'ont rien inventé... Il y eut aussi, entre autres, le cauchemar du feuilleton de mauvais goût et les tergiversations des instances, qui firent suite au match AB Boussâada-Réghaïa et eurent pour conséquences, malheureuses et indirectes, des émeutes dont on aurait pu faire l'économie...avant d'aboutir à la décision inédite et controversée qui a consisté à mette sur pied, pour la présente saison, un championnat hybride à 19 clubs..., avec les conséquences que l'on sait. Des championnats chaotiques Il ne faut jamais prendre de liberté avec les textes, comme ce fut le cas, lors d'une autre rencontre fameuse aussi de la saison 2006-2007. Il s'agit d'un match Bousâada-MC Saïda...où l'équipe visiteuse se présenta, en dépit du règlement, avec 45 minutes de retard sur le terrain...L'arbitre de ce véritable duel (mal) inspiré (par qui?), ne jugea pas utile d'appliquer les règlements généraux. Plus près de nous, il y eut aussi la farce du match Paradou-El Eulma. Délocalisé par décision. de l'autorité, sans doute pour des raisons de sécurité, cette rencontre devait se jouer à quelques kilomètres de Hydra. Le PAC fit tant et si bien qu'il fit croire qu'il n'avait pas été informé de ce qu'il savait. Si on peut comprendre que les dirigeants du Paradou aient pu tout faire pour ne pas perdre par forfait, on comprend mal l'acharnement médiatique auquel se livrent les dirigeants de l'USMH et du RCK...qui avaient tout de même compris que le match gagné par le MCEE compromettrait leurs chances... Mais comme le dit si bien le proverbe «celui qui creuse un gouffre...finit toujours par tomber dedans». Les championnats, chaotiques et décousus de D2 et de Nationale1 sont donc enfin terminés, laissant place, chez la plupart des sportifs, à une amère sensation d'inachevé. Indéniablement, tout a été bâclé, et les résultats de beaucoup de rencontres sont, et c'est le moins que l'on puisse dire, sujets à caution. En D2, ce sont (peut-être?) les meilleurs qui ont prévalu. Mais la plupart des sportifs estiment que ce ne sont pas les pires qui seront rétrogradés. Loin de là. Des équipes comme Bousâada, Dréan et bien d'autres n'ont, à aucun moment, démérité. Il faut cependant respecter les règles du jeu, et accepter le verdict final. C'est une loi universelle à laquelle nul n'a le droit de déroger. Même pas les cercles occultes qui ont de tout temps fait du chauvinisme, du populisme, du cynisme, du régionalisme le plus abject, leur fonds de commerce. En Nationale1, l'épilogue déplorable laisse une impression de tristesse infinie. Les incidents navrants qui émaillèrent le match Chlef-MCO devraient être bannis à jamais de nos stades. Voir des cailloux pleuvoir sur les joueurs est désolant. Voir l'arbitre ne pas prendre ses responsabilités et arrêter la partie est pour le moins regrettable. Certes, le Mouloudia d'Oran fut et demeure une équipe prestigieuse, chargée d'histoire et de gloire, que des dirigeants irresponsables ont amené, inexorablement vers la rétrogradation. Car chacun sait que depuis trois saisons, cette formation végète en bas du tableau, au grand dam de ses supporters les plus sincères. Mais l'aveuglement était tel que nul ne dénonça avec suffisamment de vigueur la présence à la tête de cette formation, des gens dont le comportement n'avait rien à voir avec la déontologie sportive. Car, enfin, être «amnistié» ne suffit pas à effacer les noirceurs et les doutes qui planent sur le passé, ni à conférer des lettres de noblesse et de compétence à quiconque. Et à donner la stature de président de club à ceux qui ne l'ont pas. Le comble de la mauvaise gestion fut atteint au MCO, lorsqu'on vit, un certain jeudi, deux équipes, menées chacune par un dirigeant, pénétrer sur le terrain...un spectacle à la fois risible et pitoyable. La FAF, on s'en souvient, assuma son rôle et réagit proprement. Mais le mal était trop profond, et le Mouloudia d'Oran continua son inéluctable descente vers la division inférieure. Tous ceux qui firent les beaux jours de cette équipe, et du football national, Fréha et consorts, l'ont certainement ressenti avec douleur. Mais pourquoi donc la rétrogradation du MCO est-elle vécue comme un drame, une catastrophe, un séisme, alors qu'elle était inscrite dans l'ordre des choses depuis si longtemps? Pourquoi les dirigeants ont-ils fait preuve d'un tel aveuglement? On est en droit de penser que ces gens-là comptaient sur la pression de la rue, sur l'émeute pour que des interventions occultes redressent l'ordre des choses. Un tel comportement relève-t-il de l'aveuglement, de l'incompétence, de l'imprévoyance, de la myopie, de la cécité, où est-il le fruit d'un calcul et -osons le mot- antipatriotique et criminel? Les semeurs de troubles Si les supporters du MCO, club cher à tous les Algériens, ont des comptes à demander, dans un cadre réglementaire et organisé, précisons-le, c'est aux responsables réels qu'ils doivent s'adresser. Pourquoi s'en prendre aux baraques, aux entreprises publiques, au mobilier urbain? Pourquoi faire vivre un cauchemar à nos enfants, le jour de leur examen d'entrée en sixième? Pourquoi tant de dégâts? Car enfin, d'autres clubs prestigieux ont été relégués en division inférieure par le passé: le MC Alger l'a été à deux reprises, l'USMA, 7 fois. La JSK mise à part, tous les clubs du pays ont connu des hauts et des bas. Qui ne se souvient de l'Espérance de Guelma, qui disputa naguère le championnat d'Afrique du Nord, fit les beaux jours de la Nationale1 avant de sombrer dans les affres de l'interwilayas...Nous ne citerons pas les exemples des plus grandes formations européennes, trop connus pour être rappelés ici. Pourquoi ne pas considérer que, pour le MCO, un séjour en division inférieure est à la fois logique et salutaire? Pourquoi réveiller tant de démons? Bien sûr...nos instances sportives, affaiblies, pourraient bien, encore une fois, obtempérer aux injonctions de milieux occultes, fossoyeurs du mouvement sportif national, et chercher, comme toujours, des solutions suicidaires: Championnat à blanc? Ce serait une aberration. La faillite à la fois financière et sportive, programmée de tous les clubs, y compris ceux que l'on cherche, sans aucun discernement, à sauver. Qui s'intéresserait à des rencontres insipides, sans enjeu? Qui regarderait s'agiter sur les terrains des joueurs dont l'enthousiasme aura peut-être à jamais pour certains - totalement disparu? Si tant est qu'il y ait eu un enthousiasme dans cette immense supercherie qu'est devenu, par la volonté de mauvais sorciers, le championnat national. La FAF et la LNF assiégées Championnat à blanc, pour «dépassionner»? En faisant accéder tout le monde et en évitant la relégation à tout le monde? Autant déclarer, d'autorité, que «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et que nous sommes les meilleurs du monde» toujours par la volonté de cercles occultes qui ont tant fait de mal au mouvement sportif national, par leurs manipulations immorales. Créer deux divisions nationales à 12 ou à 14 clubs (Centre-Est et Centre-Ouest) comme le proposent certains responsables pusillanimes de nos instances footballistiques? Ce serait fuir, encore une fois, lâchement, devant les réalités. Il est vrai que, pour certains, la devise est - et a toujours été- «Ne mécontenter personne, faire plaisir à tout le monde». Nier la réalité des résultats des championnats. Donner une prime à la médiocrité et absoudre les mauvais gestionnaires. Pour ce faire, un seul moyen: piétiner les textes, nier leur existence, mettre au frontispice de la FAF et des ligues une nouvelle devise «La seule règle est qu'il n'y a pas de règle:» Il est vrai que par bien des aspects, nos championnats ont déjà atteint un tel niveau dans l'échelle du ridicule, que plus rien ne peut étonner. Dans cet ordre d'idées...quel sera le verdict de la FAF, saisie en appel du dossier USMH-RCK? La voie du devoir et de l'honneur consisterait à appliquer les règlements sans état d'âme. Cette affaire est trop connue pour être rappelée ici. Soulignons cependant, que parce qu'ils n'ont aucune qualification pour être président de club sportif, certains dirigeants ont consciemment attisé la colère de la rue, et abusé de la bonne foi des supporters à qui ils auraient dû expliquer qu'il n'y a pas lieu d'assiéger la L.N.F quand on a des griefs légitimes à faire valoir. Loin de jouer le rôle d'éducateur qui est le leur, ces dirigeants, par leurs déclarations incendiaires et intempestives, jettent la suspicion sur les résultats de leurs concurrents et entretiennent le chauvinisme le plus rétrograde auprès d'une jeunesse qu'ils excellent à manipuler. Quelles que soient les décisions qui sortiront de la réunion de l'assemblée générale de la FAF, elles ne changeront strictement rien à l'état de déliquescence du football algérien. Y aura-t-il plus de stades aux normes? Plus de centres de formation? Des présidents de clubs à la moralité et au passé national inattaquables? Un professionnalisme véritable et de bon aloi? Un arbitrage indépendant, soumis à l'évaluation équitable de structures dignes de confiance? C'est, malheureusement, loin d'être évident! En dehors de la construction d'infrastructures dignes de ce nom, opération qui relève de la compétence de l'Etat, tout le reste est réalisable dans l'immédiat. Il faut, tout simplement, mettre en oeuvre l'autorité de la loi. Egale et identique pour tous. Refuser d'obéir aux manipulations et au diktat. Faire débuter, à tous les niveaux, les championnats 2008-2009 aux dates prévues. Engager une lutte sans merci contre la corruption sous toutes ses formes. Poursuivre en justice tous ceux qui, par leurs déclarations incendiaires, jettent le discrédit et la suspicion sur tous et sur tout. Renforcer l'autorité de toutes les instances en moralisant les comportements de leurs membres. Refuser de procéder à de pseudo réformes sous la pression, dans la hâte et la fébrilité. Réfléchir à la meilleure manière d'instaurer la saine émulation entre nos sportifs. Pourquoi ne pas instaurer, après étude et réflexion, pour servir de base à une Nationale1 dans sa forme actuelle, un autre type de compétition en D 2? Pourquoi ne pas penser à 4 groupes régionaux pour ne pas laisser piaffer, sur les bancs de touche, ces centaines de jeunes joueurs dont le talent ne demande qu'à s'exprimer? Pourquoi ne pas revenir à la vénérable tradition qui consistait à faire jouer en lever de rideau de tous les matchs, les équipes réserves des clubs, véritables pépinières? Notre football se meurt. Il est temps d'intervenir avec sagesse et pondération. De réfléchir aux conséquences lointaines de toute décision. Ne pas gérer l' immédiat au détriment de l'avenir. En un mot, faire preuve de sagesse et de clairvoyance. Espérons que nos instances prendront les bonnes décisions. Car il reste, malgré tout, une lueur d'espoir...