Le ministre de la Solidarité ne compte pas lâcher prise et décide de mener sa propre enquête sur cette affaire d'enfants exploités. «L'esclavage n'existe pas, l'exploitation n'existe pas en Algérie, je m'inscris en faux contre ceux qui disent que l'Algérie accepte l'exploitation de ses enfants.» C'est en ces termes que le ministre de la Solidarité nationale Djamel Ould Abbès a réagi au rapport publié récemment par l'Organisation internationale du travail (OIT) faisant état que 1,9 million d'enfants sont exploités en Algérie. Intervenant hier au séminaire portant sur «Le travail des enfants, réalité et solutions», tenu au Centre international de presse, le ministre est sorti de ses gonds: «Ce chiffre est inacceptable», a-t-il clamé avec un air sévère. Et de renchérir: «Je ne nie pas qu'il y a des enfants qui travaillent en Algérie mais je démens complètement qu'il existe des enfants exploités.» Interrogé par L'Expression sur ce que va entreprendre l'Algérie, le ministre a assuré qu'il ne va pas mâcher ses mots. M.Ould Abbès promet d'aller loin contre cette campagne et même de saisir l'organisation. «Je vais saisir l'organisation comme je l'ai fait avec le Congrès américain qui a publié un rapport accablant sur les droits de l'homme en Algérie», a t-il assuré. Le ministre, qui s'exprimait à la fin du séminaire, était hors de lui. Ce dernier ne compte pas lâcher prise et va mener une enquête sur cette affaire. Un groupe de travail composé des représentants de la société civile et du ministère sera chargé d'enquêter sur le terrain. Le ministre invite même les partis politiques intéressés à rejoindre ce groupe. «Je ne compte plus sur les associations», a martelé M.Ould Abbès, qui a déploré le comportement de certaines associations vis-à-vis de l'Algérie. Selon lui, il y a des associations qui avancent de fausses informations aux organisations étrangères. «Lorsque j'ai convoqué le représentant diplomatique des Etats-Unis à Alger sur les statistiques du rapport, il a reconnu que ce sont les associations qui ont fourni ces chiffres», a expliqué le ministre. Sur ce point, il dit posséder des chiffres officiels sur l'insertion des jeunes de moins de 18 ans et de 16 ans dans le monde du travail, qui est de 5% en Algérie, contre 14% au Maroc. De son côté, un représentant du ministère du Travail a démenti cette information: «Il n'y a pas d'enfants exploités en Algérie», a soutenu M.Khiat. Très sûr de lui, le représentant affirme qu'il n'existe pas d'enfants qui travaillent dans les organismes structurés. Se référant à deux enquêtes menées sur le terrain en 2002, il indique que sur 8000 travailleurs, seulement 100 enfants sont recensés. Il rappelle que depuis 2003, les mécanismes de lutte contre le travail des enfants ont été renforcés. Ce dernier ne comprend pas d'où viennent ces chiffres puisque l'inspection de travail est de plus en plus présente sur le terrain. Les cas recensés sont généralement ceux des enfants qui travaillent dans le secteur informel. «Même s'il existe, le travail des enfants n'a pas atteint des proportions alarmantes comme c'est le cas dans d'autres pays», a-t-il souligné. Dans sa communication, M.Khiat a mis l'accent sur les mesures restrictives prises par l'Etat: «Des restrictions rigoureuses sont introduites dans le nouveau Code du travail contre les entreprises qui embauchent des enfants de moins de 16 ans», a-t-il assuré. L'intervenant a fait un bref rappel des politiques engagées dans le cadre de la lutte contre le travail des enfants. Il a ainsi rappelé qu'une Commission interministérielle a été installée depuis 2003. De son côté, le représentant du ministère chargé de la Famille, a évoqué les différentes actions engagées par le département. Selon lui, 19 départements ministériels sont impliqués dans ce processus, sans compter l'action des associations. A noter que, dans son dernier rapport qu'elle a publié, l'organisation a classé l'Algérie parmi les 14 pays où les enfants sont exploités dans des tâches domestiques. Comme elle a estimé qu'environ 165 millions d'enfants âgés entre 5 et 14 sont exploités dans différents travaux. Beaucoup d'entre eux travaillent durant de longues heures, et souvent dans des conditions dangereuses. L'organisation indique que la pauvreté est à l'origine de ce phénomène. Enfin, il y a lieu de souligner que cette journée d'information a été organisée par le club de presse du FLN. Intervenant à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, le parti majoritaire voulait s'inscrire dans le cadre cette lutte... Des représentants de la société civile et des pouvoirs publics étaient présents hier à cette manifestation.