De nouveaux combats ont éclaté hier dans le nord du Liban entre militants politiques rivaux, faisant craindre que le pays ne replonge dans la violence au moment où opposition et majorité peinent à former un gouvernement d'unité nationale. Les affrontements dans la ville de Tripoli ont fait un mort hier matin, portant à six morts le bilan des affrontements depuis dimanche après la mort d'un blessé, dans la nuit, a déclaré un responsable des services de sécurité. Les heurts qui ont éclaté dimanche opposent des sunnites partisans de la majorité soutenue par les Occidentaux à des Alaouites, une branche du chiisme, fidèles au Hezbollah, fer de lance de l'opposition soutenue par Damas et Téhéran. Plus de trente personnes avaient également été blessées dimanche. Après une accalmie de quelques heures obtenue grâce à un accord qui prévoyait un retrait des combattants et le déploiement de l'armée, les combats ont repris. Ils se sont poursuivis hier au lance-roquettes et à l'arme automatique dans les quartiers populaires de Bab al-Tebbaneh et Jabal Mohsen. Des maisons et une station service ont brûlé tandis que l'armée prenait position autour de la zone pour contenir les violences et que des civils se réfugiaient dans des abris. «La situation n'est pas calme et les efforts se poursuivent pour stopper la violence», a dit un porte-parole de l'armée libanaise. «L'armée fait de son mieux mais les parties qui avaient conclu un accord dimanche, ne le respectent pas et on ne sait pas exactement qui est à l'origine des nouveaux affrontements», a-t-il ajouté. Les incidents armés se sont récemment multipliés au Liban entre partisans de l'opposition et de la majorité alors que les partis politiques n'arrivent pas à former un gouvernement d'union nationale en raison de divisions sur l'attribution des portefeuilles. Ces affrontements font craindre que le pays ne retombe dans des violences généralisées, à peine sorti d'une longue crise politique. La formation du gouvernement est prévue par un accord signé le mois dernier à Doha, au Qatar, entre majorité et opposition. L'accord a mis fin à un an et demi de paralysie et permis l'élection d'un président de la République, le général Michel Sleimane, après six mois de vide à la tête de l'Etat. Il avait été précédé de combats où 65 personnes avaient été tuées et qui avaient ravivé le spectre d'une nouvelle guerre civile comme celle que le Liban a connu pendant quinze ans entre 1975 et 1990. La situation dans les camps de réfugiés palestiniens qui abritent des extrémistes islamistes ajoute à la tension. Dimanche, l'explosion d'une charge placée dans une benne à ordures a grièvement blessé Imad Yassin, un chef du groupuscule islamiste Jound al-Cham, à proximité du camp d'Aïn Heloué (sud), selon un responsable des services de sécurité. Le Premier ministre, Fouad Siniora, issu de la majorité et chargé de former la nouvelle équipe, de même que le président du Parlement et chef de file de l'opposition, Nabih Berri, ont reconnu l'existence de difficultés. L'accord de Doha préconise la formation d'un gouvernement d'union nationale de 30 ministres: 16 pour la majorité, 11 pour l'opposition qui y disposerait d'une minorité de blocage et trois au chef de l'Etat qui doit nommer des personnes jugées neutres à ces postes. Mais le blocage persiste comme l'admet le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, selon lequel la formation du gouvernement libanais d'union nationale devrait prendre encore un peu de temps, dans une interview au quotidien autrichien Der Standard, publiée hier.