De nouveaux affrontements ont opposé, hier, des fractions rivales alors que le gouvernement tarde à être formé. De nouveaux affrontements entre factions rivales ont fait deux morts et 50 blessés, hier à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, alors que des divisions sur l'attribution de portefeuilles empêche toujours la formation d'un gouvernement d'union. Les affrontements ont lieu sur la rue principale séparant les quartiers populaires de Bab al-Tebbaneh et de Jabal Mohsen, dans le nord-est de la ville, déjà le théâtre, il y a deux semaines, d'affrontements à caractère politique qui avaient fait neuf morts et 45 blessés. Bab al-Tebbaneh est à majorité sunnite et un fief de la majorité antisyrienne alors que les habitants de Jabal Mohsen font partie de la communauté alaouite, une branche du chiisme, et sont des partisans du mouvement chiite Hezbollah, chef de file de l'opposition. Le responsable a indiqué que parmi les tués figurait un aide-soignant palestinien, touché par un tir de franc-tireur alors qu'il se rendait au travail. L'autre tué est un habitant de Jabal Mohsen. Une cinquantaine de personnes ont été blessées dans les deux camps rivaux qui s'opposent depuis mardi soir, a-t-il ajouté. Un soldat avait aussi été blessé mardi. Des habitants de Bab al-Tebbaneh ont fui leurs foyers et les écoles et commerces ont fermé tandis que des axes étaient bloqués par la présence de francs-tireurs, y compris l'autoroute reliant Tripoli à la région du Akkar (nord-est) et à la frontière syrienne. A l'issue d'une réunion dans la résidence d'un responsable religieux, le Mufti cheikh Malek al-Chaâr, des responsables politiques et de la sécurité ont insisté sur la «nécessité d'un retour au calme», ajoutant qu'une «partie oeuvre pour semer la discorde», sans la nommer. Aucun représentant de Jabal Mohsen n'était présent. Le Parti arabe démocratique, qui représente les Alaouites, a accusé une tierce partie de se tenir derrière les heurts et appelé l'armée à intervenir. L'armée, qui s'était déployée en force lors des affrontements du mois dernier, a pris position aux principaux carrefours de Bab al-Tebbaneh, dès mardi soir, mais n'est pas intervenue jusqu'à présent, ont indiqué des témoins. Les Forces de sécurité intérieure ont reçu ordre d'intensifier les patrouilles et «d'arrêter toute personne portant atteinte à la sécurité publique, même en recourant à la force», selon le responsable de la sécurité. Le bilan des combats, d'il y a deux semaines, était le plus élevé depuis les violences entre factions survenues en mai dans plusieurs régions du Liban et qui avaient fait 65 morts, faisant craindre que le pays ne bascule de nouveau dans une guerre civile. Les nouveaux heurts ont éclaté alors que le gouvernement d'union nationale, prévu par l'accord de paix de Doha, signé le 21 mai par les parties libanaises, n'est toujours pas formé en raison de divisions sur l'attribution des portefeuilles. Le Premier ministre, Fouad Siniora, poursuit des consultations dans le cadre de cet accord qui donne à l'opposition, proche de Damas et Téhéran, une minorité de blocage. Le cabinet doit compter 30 ministres: 16 pour la majorité, 11 pour l'opposition et trois nommés par le chef de l'Etat qui doit désigner des personnes jugées neutres. L'élection du général Michel Sleimane à la présidence, le 25 mai, avait mis fin à six mois de vacance du pouvoir à la tête de l'Etat et à dix-huit mois de crise politique.