Deux personnes ont été tuées et au moins 33 autres blessées hier lors d'affrontements entre opposants et partisans de la majorité dans le nord du Liban, ont déclaré des responsables. Les heurts ont commencé à l'aube dans le nord de Tripoli, dans les quartiers de Bab al-Tebbaneh et Jabal Mohsen, entre des militants sunnites partisans de la majorité et des Alaouites, groupe dissident du chiisme mais fidèle au Hezbollah, fer de lance de l'opposition. Ils se sont étendus jusqu'à la zone d'al-Qobbé, dans l'est de Tripoli, où des familles ont quitté les lieux. Un policier, Samer Rachid, a été tué accidentellement par balle alors qu'il se trouvait dans sa maison à al-Qobbé, a affirmé un responsable des services de sécurité sous couvert d'anonymat. Bourhane al Khatib, 22 ans, a lui reçu une balle en plein cœur à Jabal Mohsen. Il a été transporté jusqu'à un hôpital du camp de réfugiés palestiniens de Baddaoui, où il est décédé, a-t-on affirmé de source médicale. Au moins 27 personnes ont été blessées à Bab al-Tebbaneh et al-Qobbé, dont une grièvement. Elles ont été transportées à l'hôpital islamique de Tripoli, selon le responsable des services de sécurité. En outre, six personnes ont été blessées à Jabal Mohsen et n'ont pu être transportées jusqu'à cet hôpital en raison des tensions. La plupart des blessés l'ont été après avoir été touchés par balles alors qu'ils se trouvaient à leur domicile, selon la même source. Bab al-Tebbaneh et al-Qobbé sont à majorité sunnite alors que les habitants de Jabal Mohsen sont des Alaouites. Des militants armés étaient encore visibles à l'entrée de Bab al-Tebanneh en cours d'après-midi. « Nous nous sommes engagés dans cette bataille pour nous défendre », a affirmé un milicien de Bab al-Tebbaneh sous couvert de l'anonymat, n'écartant pas la possibilité qu'une partie tierce ait provoqué les affrontements pour déstabiliser la zone. « Les combats ont baissé d'intensité et nous œuvrons pour les circonscrire », a ajouté de son côté un porte-parole de l'armée. Des tirs sporadiques continuaient d'être entendus en journée. Des affrontements similaires avaient eu lieu en mai. Mardi, trois personnes ont été tuées lors d'accrochages armés entre les mêmes parties rivales dans deux villages de la Békaâ (est), selon un responsable de l'armée libanaise. Il s'agissait du bilan le plus élevé depuis les violences entre factions survenues en mai dans plusieurs régions du Liban et qui avaient fait 65 morts, faisant craindre que le pays ne bascule de nouveau dans une guerre civile. Un accord conclu à Doha, le 21 mai, entre l'opposition et la majorité, avait mis un terme à une longue crise politique à l'origine des combats et permis l'élection d'un président de la République, Michel Sleimane, après six mois de vide à la tête du pouvoir. Les affrontements d'hier interviennent alors qu'un gouvernement d'union nationale, prévu par l'accord de Doha, n'est toujours pas formé en raison de divisions sur l'attribution des portefeuilles.