Sa famille attend que Mourad franchisse le seuil de la porte et serre dans ses bras ses quatre enfants. On est encore sans nouvelle de B.Mourad, ce revendeur en matériaux de construction de Berkoukas, enlevé par des éléments armés jeudi 12 juin, aux environs de 21h. Selon des sources sûres, le jeune Mourad, revenait de Tizi Ouzou, et rentrait chez lui à Berkoukas. A environ 500 mètres du domicile familial, Mourad, au volant de sa voiture, une Peugeot 206, tomba sur un groupe de six individus armés de kalachnikovs et portant des gilets avec l'inscription Sûreté nationale. Les éléments armés interceptent le véhicule et font descendre Mourad, ils laissent le véhicule sur place et également, chose étrange, son mobile qui sera d'ailleurs retrouvé dans la voiture, récupérée par la famille la nuit même. Le village de Berkoukas, sis dans la commune de Maâtkas, n'en revient pas. «Les terroristes nous ont leurré avec les gilets portant l'inscription: Sûreté nationale» dira l'un des villageois. Mourad est père de quatre enfants dont Yacine, huit ans, et Aziz le dernier n'a que quatre mois. Ils attendaient leur papa qui ne rentrera pas ce soir. Des éléments armés l'emmènent avec eux vers une destination inconnue. Depuis, la famille affirme ne pas avoir été contactée. D'autres par contre, soutiennent que le frère du kidnappé a été contacté par les ravisseurs qui lui auraient, apparemment, dit que «ton frère est malade.» Une façon de forcer la famille à payer l'éventuelle rançon, qui ne semble pas encore fixée par les ravisseurs. Réunie dans le malheur, la famille attend. Elle attend que Mourad franchisse un jour proche le seuil de la porte et serre dans ses bras ses enfants. En attendant, la famille est murée dans le silence et le village se perd en conjectures. Le kidnappé est-il en quelque forêt sachant que Boumahni, ainsi qu'Amjoudh sont proches des lieux? Est-il en quelque cache ou dans quelque caverne attendant le bon vouloir des ravisseurs? Mourad et sa famille pourtant ne sont guère riches, à peine un commerce en matériaux de construction à Souk El T'nine, la commune voisine de Maâtkas et appartenant à la même daïra, et deux camions. Certes, moyennement aisée, la famille ne roule cependant pas sur l'or. Tout le monde se demande pourquoi cet homme a été choisi. Est-il pris pour un autre ou alors les kidnappeurs visent-ils autre chose? Berkoukas attend impatiemment une heureuse issue pour Mourad. Le kidnapping est devenu en un rien de temps une véritable industrie pour les groupes armés, qui amassent ainsi des fortunes, désormais imités par des bandes de malfaiteurs qui utilisent le même modus operandi. Il y a lieu de souligner que sur les 28 enlèvements enregistrés depuis 2006, neuf ont été recensés dans la région de Maâtkas. Une région sise à environ une vingtaine de km au sud du chef-lieu de wilaya, mais mis à part le poste avancé du Pont Noir sur le CW128 menant de Tizi Ouzou à Boghni et le poste de la garde communale, sis au niveau de Souk El Khemis, le chef-lieu de commune et de daïra, donc, ce vaste territoire est sous-peuplé en forces de sécurité. Maâtkas est plongé dans l'angoisse et ses commerçants ont peur.