Aujourd'hui, on dissèque les listes, on parie sur la chance des uns et la malchance des autres. Dans la capitale de l'Ouest, on ne discute plus que de législatives. Le MCO, l'ASMO, El-Hedda, la mafia du foncier, les barons de la drogue ne sont plus des sujets qui accrochent. Aujourd'hui, on dissèque les listes, on parie sur la chance des uns et la malchance des autres. Les démêlés du RND avec sa cohorte de mécontents tiennent le haut du pavé. Si certains imputent les dernières secousses vécues par le parti de Ouyahia aux appétits démesurés de certains militants qui guettaient l'occasion des législatives pour se faire une place au soleil, d'autres, peut-être plus pragmatiques, en renvoient les origines aux principes qui ont fait le RND à Oran. Pour installer ou peut-être incruster le parti à Oran, les décideurs de l'époque avaient concocté une sauce où toutes les tranches et les branches de la société oranaise étaient représentées. On avait recruté dans le clan de M'sirda, dans celui d'El-Bayadh et ajouté un zest d'Oranais de souche. On avait réservé des quotas à la famille révolutionnaire, un autre aux , choisi quelques jeunes et quémandé la bénédiction de certains historiques. Cet ersatz avait tenu la route car les ambitions des uns et des autres avaient trouvé un exutoire à l'occasion des dernières élections locales.Tout le monde est beau et tout le monde est content. Cet agglomérat hétéroclite a certes connu des secousses, mais il a tenu bon jusqu'à... la publication de la liste des candidats retenus pour la wilaya d'Oran a torpillé une cohésion de façade qui cachait mal des luttes intestines et une guerre entre les différents clans qui composent le parti. Plusieurs militants qui se croyaient de potentiels ministrables se sont rebellés et ont rué dans les brancards. Plusieurs ont rejeté le choix de la commission nationale qui a pourtant respecté les équilibres qui font le parti à Oran. C'est pourquoi plusieurs observateurs n'hésitent plus à dire que le RND à El Bahia vit une crise motivée par des intérêts bassement matériels, personnels et étroits. La discipline du parti n'a pas résisté devant les coups de boutoir des intérêts et des ambitions étriqués. Plusieurs mécontents ont tenté de rallier des listes d'autres partis, plusieurs autres ont tenté de constituer des listes indépendantes. Pour l'anecdote, on raconte à Oran la mésaventure vécue par un élu RND à l'APW. Ce dernier ne se voyant pas retenu dans la liste de son parti s'en est retourné à ses premières amours, le FLN, pour lui proposer ses services. Mal lui en prit car au lieu d'une place sur la liste de cette formation, on lui a proposé le poste de colleur d'affiches durant la campagne électorale. «C'est ce que nous réservons aux nouveaux militants», lui a-t-on dit. Le FLN pour sa part a su passer sans encombre l'écueil de la liste électorale. Il y eut certes des contestataires mais leurs voix se sont très vite tues. «Le danger qui menaçait ce parti, ces derniers jours venait des vagues de nouveaux militants venus proposer leurs services», nous dit-on. Des transfuges d'autres formations politiques, rejetés des listes de candidature avaient rallié en masse les kasmas d'Oran. Les responsables de la mouhafadha ont assimilé cette ruée à une tentative de noyautage. Pour parer au danger, ils ont eu recours à l'article 6 du règlement interne relatif aux adhésions et qui stipule que celle-ci est individuelle et doit être formulée au bureau de la cellule de quartier ou de la kasma. Ce goulot, ou rempart c'est selon, a freiné le phénomène. Certaines sources évoquent le nombre de 6 000 candidatures d'adhésion formulées ces derniers jours, un chiffre qui donne le tournis à certains et qui aurait pu mettre l'eau à la bouche à d'autres. Le MRN de Djaballah est tombé dans son propre jeu. En faisant les yeux doux aux ex- du FIS pour constituer sa liste à Oran, il s'est attiré les foudres de sa base qui est entrée en dissidence. Certes, il a argumenté son choix par les dispositions de la loi amnistiante de la concorde civile, mais il n'a pas vu le feu qui couvait dans sa maison. De plus, il se retrouve obligé de composer avec une base frondeuse et une administration intransigeante qui a rejeté les dossiers de 11 candidats de sa liste. Les mêmes secousses sont vécues par Ennahda contraint de trouver des astuces pour calmer sa base et pallier le rejet de 6 de ses candidats. Parmi ces dernières, figure un ex-élu du FIS dissous qui avait séjourné dans les camps de Reggane et Oued Namous. Les listes indépendantes, ou les candidats libres, comme on s'amuse à les appeler à Oran ne sont pas mieux lotis. Plusieurs candidatures ont été rejetées pour des motifs purement administratifs. On parle aussi de candidats, non satisfaits de leurs rang sur les listes, qui ont préféré jeter l'éponge et faire faux bond. On parle de la liste de S'hab Shara, S'hab Ouahrane, S'hab M'sirda ou encore celle de S'hab El Hebbat (argent). Question programme ça ne discute pas fort encore, même si tous promettent de faire d'Oran un eldorado.