La capitale de l'Ouest s'est réveillée, hier, avec la sensation du devoir accompli. Les électeurs, encouragés par un temps couvert qui n'incite pas au farniente, ont préféré accomplir, dès les premières heures du jour, leur devoir avant de vaquer à leurs occupations. 1600 bureaux de vote ont été ouverts pour accueillir 823.968 électeurs, qui devaient renouveler les 15 sièges de la wilaya. 22 listes étaient présentes pour ce rendez-vous électoral (19 listes de partis et 3 indépendantes). L'afflux des électeurs vers les bureaux de vote a été constaté dans la plupart des centres du centre-ville, qui avaient pourtant enregistré le rush en fin d'après-midi. Dans la périphérie, une zone traditionnellement acquise aux idées islamistes, les premières tendances commençaient à se dessiner: le FLN est en train de gagner du terrain. Les représentants des listes soulèvent les premières remarques. Le tête de liste du MEN crie au scandale et parle de 80 badges, destinés à son parti, qui auraient disparu. Le problème est surmonté grâce à l'intervention du chef de la daïra. Un représentant de la Cwipsel cite le cas d'urnes qui présentaient des défauts de fermeture au centre Maliha-Hamidou de Misserghine et d'un responsable d'un bureau qui aurait été surpris en train d'inciter les électeurs à voter pour certaines listes. L'intervention des représentants de la commission de surveillance a permis de remettre de l'ordre. Au niveau du centre de presse de la wilaya, l'ambiance est détendue. Les journalistes accrédités pour couvrir l'événement devisent en commentant les taux de participation. Les premiers chiffres sont disséqués, commentés, analysés. «Ce n'est pas le rush, mais c'est quand même appréciable», commente un confrère. Vers 18h, l'effervescence gagne le centre de presse, on parle d'une intoxication alimentaire à grande échelle dans plusieurs bureaux de vote de la région de Gdyel, Mers El-Hadjadj et Bethioua. On parle aussi du quiproquo né entre les listes FLN, FNA et MSP. Le Front national algérien aurait profité de l'ignorance de certains électeurs pour «chiper» des voix au FLN et au MSP en raison de son symbole qui ressemble à celui du MSP et de son intitulé El-Djebha qui prête à équivoque avec le Front de libération nationale. Au lycée Lotfi, le centre de collecte des résultats de la wilaya crépite et grouille de partout. On saisit des listes, on compare les chiffres. Les ordinateurs simplifient la tâche aux représentants de partis, qui commençaient vers de 21h à affluer vers les lieux. Les commentaires se faisaient incisifs. On dénonce un fait par-ci, on analyse un résultat par-là. Le FLN sent la victoire approcher. Le RND fait grise mine. Ennahda continue d'espérer même s'il sent la menace du mouvement El-Islah. Les heures passent puis on annonce les premiers résultats: sur 823.968 électeurs inscrits, 442.159 ont accompli leur devoir électoral, ce qui représente un taux de 53,66%. C'est moins que la dernière fois (63%), mais c'est appréciable quand même. Aux aurores, les yeux fatigués, les journalistes s'apprêtent à quitter le centre de tri. On les fait patienter en leur offrant des cigarettes ou en les obligeant à parler pour rester éveillés. Les résultats sont enfin annoncés: FLN 7 sièges, RND 2, MSP 2, El-Islah 2 et 2 pour le PT. Les représentants de la liste du parti de M.Benflis jubilent, les résultats dépassent leurs prévisions. Au RND, on rumine en silence, une défaite qui était prévisible. Un militant du MSP, abasourdi, se tourne vers ses pairs pour leur dire: «Rentrons chez-nous, il n'y a plus rien à faire.» Le FLN a pris sa revanche en damant le pion au RND, trahi par les frasques de ses élus locaux. Le PT a su jouer, quant à El-Islah, il pensait remporter plus de sièges, même si les résultats d'hier sont pour lui une victoire.