Les nouveaux programmes du système éducatif sont à même de contrer la montée de l'intégrisme, souligne le journal américain. Le New York Times vient de consacrer, dans une récente édition, un long article sur l'Algérie. A travers ses colonnes, le célèbre journal américain décrit, sous forme de reportage, une Algérie qui est au carrefour de son évolution. Dans un style remarquablement détaillé, les Algériens, dans la diversité de leurs choix politiques et religieux, sont présentés comme des citoyens qui assument leurs différences. Néanmoins, l'auteur de cet écrit fait ressortir à travers les personnages cités, une sorte de lutte discrète d'un pays qui tente vaille que vaille, de s'affranchir des séquelles d'une terrible décennie. Celle du terrorisme qui aura marqué de ses stigmates une nation entière. Ne versant pas dans l'alarmisme, encore moins dans l'étalage morbide de la violence meurtrière qui faisait recette jadis dans les éditoriaux d'outre-mer, le New York Times tente ici de décortiquer le vécu algérien. Un vécu tel que ressenti par une jeunesse qui se cherche dans le foisonnement des us et coutumes d'un pays qui consomme son renouveau. A travers le ton imprimé au texte journalistique, l'on remarque aisément la volonté d'une société qui s'affranchit du diktat de certains courants religieux obscurantistes qui avaient fait le lit du terrorisme. Souvent, en effet, et à différents endroits, est citée la lutte pour le modernisme et le rapprochement scientifique de l'Occident. Le long article qui mise ainsi sur la jeunesse et la société algérienne face aux défis de l'heure, fait une approche descriptive du système éducatif. «Maintenant le gouvernement essaie, d'urgence, de redéfinir l'identité algérienne, en changeant le programme des études afin de prendre de vitesse l'islamisme. Et de mieux outiller la jeunesse au monde du travail, voire de combattre le terrorisme que les écoles ont involontairement encouragé», est il noté. ´´Nous disons que les écoles de l'Algérie ont entraîné des monstres,´´ dit Khaoula Taleb Ibrahim, un professeur d'éducation à l'université d'Alger, interviewé par le reporter américain. Ce dernier ajoute: «Il y a un sentiment parmi beaucoup d'Algériens qu'ils sont allés trop loin.» Les nouvelles orientations de ce système éducatif qui sont mises à l'essai, ont le mérite d'être les plus ambitieuses dans la région, poursuit l'article qui évoque une réforme de ce même système éducatif, laquelle a connu des résistances de la part de certains tenants du conservatisme et du statu quo. Toutefois, le quotidien américain n'omet pas de rappeler que le gouvernement algérien a fait preuve de résistance citoyenne en repoussant les enseignants «les plus zélés» en revalorisant les langues étrangères et en révisant le programme d'études religieuses. Le tout en favorisant et en cultivant l'esprit critique et d'analyse chez l'étudiant. Avec une touche vivante, le New York Times fait une immersion dans la société algérienne en rendant visite à différentes familles. Il décortique alors leur intimité et le mode de consommation des loisirs. Tout en indiquant au passage, que le wahhabisme, forme la plus stricte du conservatisme religieux, devient parfois la valeur étalon chez certains jeunes Algériens. Le même journal essaie en fait de refléter une image réelle du pays. Le descriptif qu'il livre fait ressortir tout le dualisme d'une nation en proie à différents courants culturels. Selon cet article abondamment illustré de détails et d'anecdotes, le choix de l'identité culturelle est d'abord dicté par l'historique de la scolarité. Du moins c'est cette dernière qui détermine la consommation du produit culturel. Le journaliste cite alors en exemple une jeune dame: «Hassinah Bou Bekeur, 26 ans, qui apprécie de regarder les canaux satellites saoudiens et les nouvelles en arabe. Elle regarde avec sa mère et quatre soeurs plus jeunes dans une pièce. Tandis que le père, Nasreddin, 60 ans, reste dans une autre pièce où il peut apprécier les chaînes satellitaires françaises qui émettent dans la langue qu'il a étudié.»