Abdelkrim Harchaoui, membre de la direction du RND, conseiller d'Ahmed Ouyahia aux affaires économiques et tête de liste du parti au niveau de la capitale, était hier l'invité de la Chaîne III. Ancien ministre des Finances, très controversé à son époque, Harchaoui a tenté d'expliquer que le redressement économique et l'amélioration plus que notable des paramètres macroéconomiques relèvent d'un processus entamé depuis bien des années, c'est-à-dire au temps où il était le premier argentier du pays. Pour Harchaoui, l'embellie est aujourd'hui telle que l'abus de prudence, qui a caractérisé tous les gouvernements qui s'étaient succédé à la tête du pays, ne devrait plus être de mise. «Dans l'état actuel des choses, ces facteurs seraient à leur apogée et ne pourraient pas connaître d'autres améliorations. Des risques de régression, explique-t-il encore, ne sont même pas à exclure, tant que de notables réductions des coûts, c'est-à-dire des taux d'intérêts, des crédits à la consommation ne seront pas décrétés.» Aux yeux de cet homme politique, comme pour beaucoup d'autres experts proches de ses thèses, le seul moyen de maintenir la croissance, ou plutôt de lui donner des fondements socioéconomiques durables, serait de favoriser autant que faire se peut la consommation, et par là même une circulation plus rationnelle de l'argent et des produits industriels et manufacturés. Cette idée, pour information, constitue le cheval de bataille de la toute nouvelle coalition entre l'Ugta et l'ensemble des syndicats patronaux. Cette coalition, qui promet d'aller vite et loin en besogne, propose même une hausse significative du Smig à la poursuite du même but, celui de l'encouragement de la consommation. Cette hausse, est-il indiqué, serait possible si les charges sociales et fiscales, trop onéreuses aux yeux des syndicats des travailleurs et des patrons, venaient à être revues à la baisse. Abdelkrim Harchaoui, qui semble suivre de près les évolutions économiques du pays, ajoute: «Les fortunes colossales qui s'amassaient en un temps record, grâce à l'import-export sans doute, n'ont plus droit de cité en Algérie.» Le secteur producteur de richesses et d'emplois serait en passe de se réapproprier ses lettres de noblesse. Ainsi, serait-il déconseillé de ne pas profiter de cette irremplaçable aubaine en mettant, à la disposition de cette embellie, les autres facteurs destinés à la pérenniser.