Les banques publiques étaient de plus en plus sollicitées par les entreprises nationales pour le financement de leurs investissements. Les comptes de 146 entreprises publiques non performantes ont été récemment «gelés». L'annonce a été faite par Hadji Baba Ami, directeur général du Trésor. Celui-ci, intervenant hier, à Alger, en marge de l'ouverture de la journée d'étude sur les réformes bancaires et financières en Algérie, a affirmé que la situation de ces entreprises sera régularisée par un comité interministériel regroupant des représentants des départements des finances et de l'industrie et de la promotion des investissements. Le directeur général a fait savoir que les banques publiques étaient de plus en plus sollicitées par les entreprises nationales pour le financement de leurs investissements, notamment dans le secteur de la pétrochimie. Il a également reconnu, à cet effet, que les capacités de financement de ces banques demeurent très limitées en raison de la faiblesse de leur capital respectif. M.Baba Ami a préconisé l'augmentation du capital social des banques publiques et la nécessité pour ces dernières de se constituer en consortiums pour financer les projets d'envergure. Par ailleurs, la création d'un fonds souverain ne fait pas l'unanimité au sein du gouvernement. D'une part, Karim Djoudi, ministre des Finances, présent sur les lieux, a déclaré que «nous avons une crise sur le marché international qui tend à se propager sur les marchés européens et qui augure les chutes de croissance». Cette déclaration sous-entend que la création de ce fonds est conditionnée par la bonne ou mauvaise santé du marché international; il avait d'ailleurs expliqué que la crise financière internationale générée par les crédits hypothécaires à haut risque a touché directement ou indirectement les groupes bancaires internationaux. D'autre part, lors de son dernier passage sur la chaîne de télévision France 24, Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, a indiqué que «l'Algérie pourrait se doter de fonds souverains dans 4 ou 5 ans pour financer des activités à l'extérieur du pays». A travers ses déclarations, M.Khelil avait estimé que la création d'un fonds souverain en Algérie nécessitait «une décision économique dont il faut évaluer l'opportunité», ajoutant que les risques auxquels font face ces fonds «doivent être appréciés» minutieusement. Deux ministères-clés du gouvernement, deux déclarations différentes! A propos de l'ouverture du capital des banques, notamment le CPA et la BDL, le ministre joue la carte de la prudence. Le processus de privatisation a été suspendu. «Officiellement, pour des raisons liées à la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis, nous avons préféré être prudents.» Rappelons que le processus de privatisation du CPA a été reporté depuis la fin novembre 2007. Pour ce qui est du taux de croissance hors hydrocarbures, il a atteint 6,4%. «C'est une croissance appréciable par rapport aux pays émergents», a estimé M.Djoudi. L'investissement dans des secteurs hors hydrocarbures commence à prendre de l'importance; d'ailleurs, le président de la République invite les grandes entreprises à apporter leurs capitaux et venir investir en Algérie. Il invite à chacun de ses déplacements internationaux les grandes firmes à s'engager davantage en Algérie à travers l'investissement direct. La rencontre de travail que le ministre des Finances a présidée, a débouché sur l'installation de trois ateliers de travail, à savoir «les réformes bancaires», «les réformes dans le secteur des assurances et le marché financier», «perspectives et développement». Ces ateliers ont pour mission d'étudier, d'expliquer et de décrypter ces réformes pendant dix jours. Les assureurs et les banquiers présenteront leurs rapports au ministre des Finances.