Les usagers ont procédé à la fermeture de la RN 09 pour exiger la reprise du travail des transporteurs en plus de l'annulation de l'augmentation des prix. Des opérateurs refusent d'obtempérer, allant jusqu'à initier un mouvement de grève. Les syndicats, divisés, sont dépassés par l'ampleur de la crise. Les usagers, toujours en colère, procèdent sporadiquement au blocage des axes routiers. Telle est la situation caractérisant le secteur du transport de voyageurs dans la wilaya de Béjaïa depuis un peu plus d'un mois. Entre les usagers et les opérateurs, la lune de miel est consommée depuis belle lurette. La guerre déclarée au lendemain de la décision d'augmenter les tarifs du ticket de l'ordre de cinq dinars n'est pas près de s'estomper. Le bras de fer se poursuit en se durcissant. Hier encore, les usagers ont procédé à la fermeture de la RN9 à hauteur d'Iryahen pour exiger la reprise du travail des transporteurs avec l'ancien tarif, l'annulation de l'augmentation, jugée «unilatérale et injustifiée». Les manifestants empêchent les transporteurs de travailler en obstruant les axes routiers. «C'est l'unique moyen dont nous disposons pour contrecarrer cette décision ruineuse mais aussi pour un service public digne de ce nom», déclarait hier un manifestant. De leur côté, les opérateurs indiquaient toute «l'impossibilité de revenir sur une décision unanime et légitime». Un dialogue de sourds en somme. Faut-il rappeler la réunion intervenue au plus fort du bras de fer au siège de la wilaya. Syndicats, mouvement associatif et autorités s'étaient alors entendus pour le gel de l'augmentation. Alors qu'on pensait à l'apaisement, les transporteurs relancent la crise en refusant d'obéir à la décision retenue en présence de leurs représentants et passent au cap de la grève. Se pose alors la question de représentativité des syndicalistes. Contacté hier, M.Boudraâ, président de l'Union nationale algérienne des transporteurs, le reconnaissait à demi-mots en déclarant que «certains transporteurs s'entêtent toujours à refuser le gel», avant de révéler tous les dessous que cache cette augmentation dont il rejette la responsabilité. «Notre syndicat n'a pas cautionné cette décision qui, contrairement à ce qui a été rapporté, n'a pas été prise par les transporteurs mais par les syndicalistes de l'Ugca». Se faisant plus explicite, le président de l'Unat ajoute: «Lorsque la direction du transport a demandé un listing aux deux syndicats pour déterminer, conformément à la loi, qui d'entre eux représentera les transporteurs dans les différentes commissions, le syndicat rival a sorti cette histoire d'augmentation pour attirer vers lui les transporteurs et gonfler sa liste d'adhérents afin d'accaparer la représentation au niveau de toutes les commissions». C'est donc une affaire de leadership, loin des motivations de chiffres d'affaires et autres longtemps avancées par les opérateurs. Les syndicats se livrent la guerre de représentation dans un environnement qui semble les ignorer. Comme d'habitude, le citoyen paie les pots cassés. Hier, l'intervention du principal représentant des syndicats, M.Tlemçani et du directeur du transport a permis de lever le blocage de la Nationale 09. Les associations représentant les usagers ont, cependant représentant des syndicats, fixé un ultimatum de 24 heures pour la reprise du travail des transporteurs sous peine de récidiver par un nouveau blocage. La direction des transports convoquera, à coup sûr, les transporteurs grévistes pour élucider cette affaire.