La ville sombre dans la léthargie. Une sorte de dépression saisonnière s'empare des gens. Si, en été, les villes côtières accueillent des milliers, voire des millions d'estivants, à Bouira, les rues, les places publiques sont désertées. Les gens préfèrent garder la maison tant la canicule est insupportable. Les nantis de la société «immigrent» ailleurs, notamment vers les villes côtières où la mer et le soleil font bon ménage. En été, Bouira ressemble à une ville morte. La ville sombre dans la léthargie. Une sorte de dépression saisonnière s'empare alors des gens. L'été, saison des grandes vacances, n'est pas vu sous le même angle par le Bouiri. La région étant dépourvue de toutes commodités, la saison, dite estivale, devient une source d'ennuis. Le citoyen est condamné à chercher un coin d'ombre. Constamment en quête d'un peu de fraîcheur. D'une cafétéria à une autre. Le quotidien y est vécu au ralenti. Chaleur, absence d'hygiène et manque d'infrastructures. Pas le moindre petit jardin permettant aux citoyens de «tuer le temps». Le quotidien des Bouiris s'alourdit d'heure en heure en attendant d'affronter la dureté de la saison des pluies. Pourtant, la wilaya est dotée de potentialités. Elles devraient même être sa fierté. La station de Tikjda, située sur les flancs du Djurdjura, à plus de mille mètres d'altitude, peut faire le bonheur des milliers de familles qui peinent à trouver un coin frais à travers le Tout-Bouira. La volonté fait défaut. «A Bouira toutes les saisons se ressemblent», affirme un jeune étudiant rencontré dans un café au centre ville. Rien ne semble attirer à Bouira ce jeune qui vient d'achever une année universitaire, des plus dures, à Béjaïa. Les études finies, il tombe dans les griffes d'une routine accablante pendant son congé à Bouira. «On aurait souhaité que les études n'en finissent pas pour pouvoir passer un congé formidable â Béjaïa», enchaîne-t-il tout en regrettant la fin de 1'année universitaire. «Se lever vers 10h et aller directement au café, prendre une boisson fraîche avec des amis, puis vient le temps de la sieste, c'est aberrant comme routine et l'été ne fait que commencer», a-t-il ajouté. En matière d'hygiène, Bouira présente une image médiocre. Nul ne peut rester insensible. Les décharges s'entassent à chaque coin de rue, suscitant le plus profond désagrément. En ville comme dans d'autres communes, le constat est le même. Il n' y a pas de grande différence. «Ce n'est plus étonnant de voir des décharges en pleine ville, le fait est fréquent, les chargés du ramassage mettent parfois trois jours pour venir», résume un sexagénaire. Les mauvaises odeurs taquinent les narines à longueur de journée. Les risques d'infection sont omniprésents. Les sachets d'ordures, toutes couleurs confondues, font partie du décor. Faut surtout pas s'étonner, si, à, un moment donné, en plein centre ville, un sachet vous couvre le visage ou vous colle au dos. C'est la partie visible de l'iceberg.