Le Franco-algérien était parvenu à l'OM, à un stade où il ne pouvait plus progresser. L'enfant prodige de l'Olympique de Marseille, Samir Nasri, après des négociations à rallonge, a, comme prévu, rejoint vendredi dernier Arsenal, un club plus puissant, à même d'accompagner la progression d'un futur cadre de l'équipe de France et d'assouvir ses rêves de gloire. «Je suis très heureux de devenir un joueur d'Arsenal, cela signifie beaucoup pour moi. C'est une étape importante de ma vie de footballeur, parce qu'Arsenal est un club majeur», a expliqué le joueur, âgé de 21 ans, dont l'arrivée était prévue depuis la fin du championnat de France. Formé à l'OM, apparu en L1 à 17 ans, où ses dribbles avaient tout de suite crevé l'écran et cassé les reins, Samir Nasri, enfant des quartiers populaires de Marseille, va donc poursuivre une carrière très prometteuse ailleurs, dans la supercouveuse d'Arsène Wenger, éleveur de jeunes champions (il a amené à maturité Thierry Henry, Patrick Vieira ou Cesc Fabregas). «Il est jeune, rapide et techniquement époustouflant. Depuis deux saisons, Samir montre un potentiel formidable, avec Marseille et en équipe de France. Il va amener une qualité fantastique à notre équipe», s'est d'ailleurs félicité le manageur des Gunners. Pour Arsenal, qui peine à rassembler autant de grands noms que ses concurrents anglais, Manchester United, Chelsea et Liverpool, c'est une excellente nouvelle. Wenger saura sans doute intégrer ce meneur de jeu. L'OM avait anticipé cette perte en engageant un autre prodige tombé en disgrâce à Lyon, Hatem Ben Arfa, voué à le remplacer dans le coeur des Marseillais. Ce départ confirme, toutefois, les difficultés qu'éprouve Marseille, régulièrement, à conserver ses joyaux. Après Didier Drogba (2004) et Franck Ribéry (2007), le club marseillais voit partir son meilleur joueur de la saison, son symbole, au risque de le voir exploser ailleurs, comme Drogba à Chelsea et Ribéry au Bayern Munich. Si Ben Arfa ne parvient pas à le faire oublier, ce transfert ne fera que confirmer la perte d'attractivité d'un club champion d'Europe en 1993, qui ne peut même plus retenir les joueurs qu'il forme ou qu'il révèle. La troisième place conquise à la dernière journée de Ligue 1, grâce notamment à une frappe ébouriffante de Nasri -son cadeau d'adieu-, n'avait pas suffi à le convaincre de rester. L'attrait de la Ligue des champions, plus exactement du 3e tour préliminaire (mais l'OM y sera tête de série et évitera les adversaires les plus redoutables, ndlr) n'était pas non plus assez fort. Déjà tenté par Lyo,n voilà 18 mois puis 12 mois, Nasri était resté à Marseille, pour progresser. Mais à l'approche de la fin de la saison, le président Pape Diouf («Samir, s'il part, il partira») et Nasri lui-même («C'est peut-être ma dernière sortie au stade Vélodrome», avant le dernier match de L1), dans leur déclarations résignées, avaient préparé le terrain. Cette nouvelle exposition va peut-être l'aider à très vite tourner la page de l'Euro-2008, où il n'aura joué, en tout et pour tout, que 30 minutes: 14 contre la Roumanie en fin de match, et 16 face à l'Italie (il avait remplacé Ribéry avant de laisser sa place à Boumsong après l'expulsion d'Abidal, ndlr). Naturellement, il n'avait rien pu faire pour éviter le naufrage français. Appelé à devenir l'un des leaders de l'équipe de France, Nasri va également acquérir à Arsenal une expérience très précieuse pour les Bleus. Voilà de quoi réjouir Raymond Domenech.