Ils refusent leur classification établie par la tutelle, qui les place à l'échelle 10. Le projet de restructuration de l'enseignement technique mis en application par le ministère de l'Education nationale depuis septembre 2005, comme prolongement de la réforme du système éducatif, a abouti à la suppression de la majorité des filières techniques, en l'occurrence l'électronique, l'électrotechnique, la fabrication mécanique, la chimie, le bâtiment et travaux publics ainsi que les techniques comptables. Cette restructuration les conduit également à la reconversion des lycées techniques et des technicums en lycées d'enseignement général. Résultat: un sureffectif de plus de 80% des professeurs de l'enseignement technique. En plus, la fermeture des laboratoires et des ateliers, laissant à l'abandon les équipements et les installations techniques, est à signaler. En outre, les ingénieurs se sont vu dégrader du statut de professeur ingénieur à celui d'EPS (professeur de l'enseignement secondaire), et les Ptlt (professeur techniques aux lycées techniques), qui ont exercé, pour la plupart, plus de 20 ans dans l'enseignement secondaire technique, ont été reclassés à la même catégorie que les instituteurs des écoles primaires. Idem pour les diplômés de l'Enset d'Oran (Ecole normale supérieure d'enseignement technique), qui se sont retrouvés après leur formation universitaire, sans avenir professionnel, alors que leur recrutement en tant qu'enseignants du technique devrait se faire systématiquement. Devant cet état de fait, la Coordination nationale des lycées techniques et technicums n'a cessé de tirer la sonnette d'alarme. Dans une conférence de presse animée hier à Alger par le porte-parole de la Coordination nationale des lycées techniques et technicum (Cnltt), M.Bendaïkha, «les représentants des enseignants du technique, qui sont au nombre de 6000, revendiquent leur revalorisation et l'intégration dans le corps des professeurs d'enseignement secondaire. Ils réclament aussi l'ouverture des 250 lycées techniques répartis à travers le territoire national». S'agissant de la rentrée scolaire prochaine, les enseignants du technique affirment qu'après la suppression desdites filières, le ministère de l'Education nationale a décidé de les remplacer par la filière technique mathématique, une filière que ces derniers refusent catégoriquement. Ils dénoncent également leur dispersion à travers les lycées d'enseignement général tout en refusant leur classification à l'échelle 10. «Ces lycées ne sont pas dotés d'équipements technologiques spécifiques, de laboratoires et d'ateliers», lance un des enseignants. Et de poursuivre: «Nous serons contraints, sous la pression de l'administration de faire semblant d'enseigner la technologie car ce n'est pas sur micro-ordinateur que l'élève apprendra. Il lui faut un laboratoire et des outils.» Et d'enchaîner: «Sinon, nous serons amenés, par la force des choses, à enseigner d'autres matières que celles de notre spécialité, servant ainsi de bouche-trous dans les disciplines en détresse, ou encore, on va se retrouver à effectuer des tâches administratives telles que la surveillance des bibliothèques, des établissements scolaires qu'on nous a confiés. Nous serons vraiment marginalisés.» De ce fait, la Cnltt appelle le ministère de l'Education nationale à abandonner le plan de démantèlement des lycées techniques et technicums en gardant les équipes pédagogiques ainsi que le matériel. Ils réclament, également, l'ouverture du dialogue sur des perspectives «pour un enseignement technologique et technique rénové et de qualité».