Son rôle dans une société démocratique est important. Selon la presse d'hier, deux détenus de la maison d'arrêt de Béchar auraient brûlé leurs matelas pour attiser le feu dans le milieu carcéral. Aussi étrange que cela puisse paraître, vendredi, où Ali Benflis s'était rendu pour animer des meetings électoraux, que ce soit dans l'assistance nombreuse qui était venue l'écouter ou dans les rues de la grande métropole de la Saoura, les gens ne parlaient que des prochaines élections, en les ponctuant d'un surcroît de pronostics. Un passe-temps qui, rappelons-le, n'a pourtant rien de ludique. La question qui se pose partout par les temps qui courent peut se formuler comme suit: qui, des trois formations en lice à Béchar et dans ses environs, FLN, Msp et RND, raflera la mise? A observer le nombre de personnes, des hommes et des femmes, sans oublier les jeunes qui ont décidé d'éintégrer en force les rangs du P/FLN, c'est ce dernier parti qui récoltera le maximum de voix. Pourquoi le FLN et non le Msp qui, pourtant, avait ratissé large dans la région aux dernières législatives et municipales alors qu'on le donnait gagnant il y a peu. La réponse à cette question c'est une jeune femme engagée dans le mouvement associatif qui nous l'a donnée alors qu'on visitait la zaouïa de Kenadsa, une ville abandonnée et par les pouvoirs publics après la fermeture de la mine de charbon en 1962 et par la municipalité MSP en poste aujourd'hui, dont les membres du directoire «se sont plutôt insolemment enrichis sur le dos de la population» depuis leur élection. Oui mais, cette fois, qui l'emportera? La femme répond sans hésiter: «Le FLN!» Pourquoi? «Tout simplement parce qu'avec le MSP et même avec le RND qui a servi - à cause de sa composante opportuniste - de faire-part sinon de cache-misère, le statut réel de la femme, déjà contesté dans la région, a connu une nette régression. Ici Monsieur, nous ne sommes pas à Alger où la femme a, depuis longtemps, choisi de s'émanciper. Ici et probablement dans tout le Sud, de gigantesques pas restent à faire pour décoincer les hommes afin qu'ils comprennent une fois pour toutes que «nous sommes égaux». Et ce n'est pas par MSP, croyez-moi, chez qui l'hypocrisie le dispute à l'incongruité, qu'on pourrait atteindre ce but. La femme, en effet, se sent ici de plus en plus disposée à casser des tabous. Mais avec le FLN de préférence. Et n'oubliez pas, a-t-elle ajouté, que dans l'ensemble du corps électoral nous comptons pour moitié.» C'est sans doute la raison qui, en tant que rénovateur du FLN dont la reconstruction ne lui laisse aucun répit, que Ali Benflis, qui a saisi l'importance cardinale du rôle que doit jouer la femme dans la société algérienne - démocratie oblige - lui a réservé une importante place dans son discours de campagne. Il a parlé de la femme, jeudi à Ouargla et à Ghardaïa, ainsi que vendredi dans la salle municipale de la ville de Béchar où une population largement représentative de jeunes, de femmes et d'hommes mûrs avait accouru pour le voir et pour surtout l'écouter parler de l'avenir de l'Algérie. Vantant les atouts qu'offrirait la modernité à l'Algérie si cette dernière s'engageait plus franchement à faire l'effort de s'adapter à l'Internet, le secrétaire général du FLN, reprenant symboliquement la gestuelle du plaideur sûr de son fait, s'est évertué à développer un par un les grands axes par lesquels notre pays devra passer pour renouer avec la croissance. Formation, création d'emplois, développement exponentiel s'il le faut pour ne pas laisser à la vacuité l'opportunité de se réinstaller, fût-ce momentanément, Ali Benflis n'a rien laissé au hasard. Cela dit le parti capable d'entraîner dans son sillage modernisant la majorité des Algériens vers le bien-être ne peut-être que le FLN qui, à en croire certaines personnes interrogées au hasard des rues de Béchar, représente non seulement ce qu'il y a de plus sacré dans notre histoire, mais également l'avenir maintenant qu'il est en passe d'exorciser le poids du pandémonium qui l'a longtemps empêché d'agir sur le terrain avec réalisme. Un dernier mot. Ali Benflis a inventé une autre manière de faire campagne. Une manière qui consiste après chaque meeting à aller prendre un café au premier établissement venu. Et ça marche.