Les dirigeants égyptien, saoudien et syrien se sont réunis, samedi, en un minisommet pour un état des lieux du dossier palestinien. Hosni Moubarak a accueilli, samedi et hier, à Charm el-Cheikh, Bachar Al-Assad et Abdallah Ben Abdelaziz, avec en toile de fond la question palestinienne. Le raïs égyptien avait également à lever les malentendus surgis entre lui et ses homologues syrien et saoudien, notamment sur le volet de la crise proche-orientale et sa prise en charge par les Arabes. Notons aussi que le président égyptien qui a reproché au prince héritier Abdallah de ne pas l'avoir consulté sur son plan de paix, a marqué son irritation en faisant ostensiblement l'impasse sur le sommet arabe de Beyrouth qui a adopté le projet, ou initiative de paix, du prince Abdallah. La réunion de Charm-el-Cheikh semble donc s'être conclue par un retour à de meilleurs sentiments de la part de quelques-uns des principaux acteurs de la crise du Proche-Orient. Egyptiens et Syriens, qui ne sont, en réalité, jamais parvenus à une véritable unité de vue sur un problème qui pourtant pénalise leur développement à long terme, donnent l'impression de vouloir arrondir quelque peu les angles comme en témoigne le communiqué final où l'on enregistre un certain bémol de la part de la Syrie, plus réaliste qu'à l'accoutumée. Ainsi, les trois dirigeants arabes se sont entendus pour affirmer leur «rejet de la violence sous toutes ses formes» estimant que «l'initiative de paix arabe» (adoptée le 28 mars à Beyrouth) garantit «une paix juste et globale» réaffirmant «la détermination sincère des Arabes à conclure la paix» avec Israël appelant, de même, «tous les pays du monde épris de paix à exercer des pressions sur Israël pour qu'il se retire des territoires arabes occupés». Le communiqué affirme enfin que les présidents égyptien et syrien ont examiné avec le prince Abdallah «la position américaine vis-à-vis des développements dans la région et dans les territoires, à la lumière des résultats de la visite» du prince héritier saoudien à Washington. Après l'engagement solennel du sommet arabe de Beyrouth, trois dirigeants arabes, parmi les plus impliqués dans le dossier proche-oriental, réitèrent ainsi la disponibilité des Arabes à conclure la paix avec l'Etat hébreu, sous réserve, indiquent-ils, que ce dernier retire ses troupes de tous les territoires arabes présentement occupés. Ce qui répond quelque peu aux préoccupations américaines à propos des attentats-suicide anti-israéliens. Les trois dirigeants ont également abordé la question de la conférence internationale proposée par les Etats-Unis. S'ils demeurent ouverts au principe d'une telle conférence, ils estiment néanmoins, comme l'a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Maher, qu'«il est hors de question que les Arabes acceptent une conférence telle que conçue par (le Premier ministre israélien Ariel) Sharon». Réagissant, hier, à chaud, Raanan Gissin, porte-parole du chef du gouvernement israélien, a estimé «encourageant» le communiqué de la troïka arabe. Présent à Charm-el-Cheikh, Nabil Chaâth, ministre palestinien de la Coopération internationale, a déclaré pour sa part qu'«il y avait davantage d'optimisme sur les possibilités de changement de l'attitude américaine, qui s'orienterait vers une direction plus positive et plus compréhensive de la position arabe et palestinienne», s'attendant dans les prochains jours et semaines à des «démarches concrètes» sans être plus explicite. De son côté, à partir de Ghaza, le secrétaire général du gouvernement palestinien, Ahmed Abderrahmane, considère : «Dans le débat sur les attentats en Israël, il faut tenir compte de l'intérêt national et de l'opinion publique palestinienne et des développements qui ont rappelé la nécessité de ne pas commettre des actes qui isolent le peuple palestinien sur la scène internationale.» Ainsi, aujourd'hui il est surtout question de calmer le jeu, pour redonner à l'action diplomatique toute son envergure et sa pugnacité pour replacer le contentieux proche-oriental dans son contexte réel de décolonisation. C'est ce que préconisent Hosni Moubarak, Bachar Al Assad et le prince Abdallah lorsqu'ils insistent sur la «détermination sincère» à conclure la paix, saluant «la ténacité du peuple palestinien» et se félicitant de «son Intifadha face à l'occupation israélienne». Outre d'avoir procédé à un état des lieux, les trois dirigeants arabes, réunis à Charm-el-Cheikh, ont mis à profit ce minisommet pour aplanir les différends ayant surgi ces derniers temps entre eux. Ce qui semble une bonne chose pour la cohésion arabe et pour le suivi du dossier des territoires arabes occupés.