Les Palestiniens n'ont plus à se faire d'illusions : leur sauvetage ne viendra pas de leurs frères arabes. Les dirigeants des 22 membres de la Ligue arabe ont quitté Koweït city sur de profonds désaccords. Pourtant, ils avaient promis de reconstruire leur unité sur “les décombres de Gaza”. Les chefs arabes n'ont même pas été fichus d'apporter un soutien ferme au peuple palestinien pour la reconstruction de Gaza la martyre. Au terme de deux jours de palabres, ils se sont quittés sur un vague communiqué dans lequel ils se félicitent des contributions annoncées jusqu'à présent ! Ajourné, le projet de création d'un Fonds de reconstruction de Gaza, qui devait être doté de 2 milliards de dollars ! C'est dire toute la discorde qui règne dans le monde arabe. Enfin, la Ligue arabe a été chargée de suivre les développements de cette question. Heureusement que les Palestiniens pourront compter sur l'argent des Européens, présents en force au sommet de Charm el Cheikh (Egypte) organisé la veille du sommet de Koweït city par le couple le Caire- Riyad. Ce sommet, dénommé on ne sait pas trop pourquoi, “réunion des Arabes modérés”, devait jeter de l'ombre sur celui organisé, vingt-quatre heures avant, à Doha où le quorum n'avait pas été atteint et auquel avait participé le président iranien. Doha avait déployé le tapis rouge sous les pieds du Hamas. L'Autorité palestinienne avait brillé par son absence. Mahmoud Abbas préférant plutôt se rendre à Charm el Cheikh. Le bras de fer entre les pour et les contre Hamas s'est donc poursuivi au Koweït où, maigre consolation, étaient présents tous les responsables arabes. Là aussi, les “modérés”, pour ne pas nommer les pays liés à Israël ou à son parrain les Etats-Unis, qui s'étaient retrouvés autour de Mahmoud Abbas dans la station balnéaire égyptienne frontalière d'Israël, et leurs pairs de la Ligue arabe lesquels s'étaient réunis à Doha, à l'initiative de l'émir, le boss de la chaîne El Jazeera, pour louanger Hamas et congratuler le président iranien, se sont échangés des “gentillesses”. Les frères ennemis avaient pourtant pris soin de ne pas changer l'ordre du jour de leur rencontre koweitienne, un sommet sur le renforcement de l'union économique arabe, alors que les Palestiniens se faisaient massacrés à Gaza et que la communauté internationale dénonçait les horreurs israéliennes. Les “durs” se sont fait avoir par les “modérés”, alors que devant la tribune défilait le blabla courant sur l'union et l'unité, Moubarak et le roi d'Arabie Saoudite cassaient l'espoir de Doha. Le mini-sommet saoudo-égypto syro-qatari, en marge du sommet du Koweït, a stoppé la dynamique de Doha, si dynamique il devait y avoir. La rencontre du roi Abdallah d'Arabie Saoudite en compagnie de Hosni Moubarak, avec le président syrien Bachar Al-Assad et l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, qui tous deux soutenaient la veille encore Hamas, a éclipsé le sommet et la présence des 18 autre chefs arabes présents à Koweït city. Tout serait rentré dans l'ordre : le monde arabe c'est l'Egypte, interlocuteur d'Israël et l'Arabie Saoudite, l'allié de toujours des Etats-Unis, pour ne pas l'accabler davantage. Hamas est invité à se diluer dans un gouvernement non plus d'union nationale mais d'entente nationale. La nuance est de taille, ce gouvernement ne devant s'occuper que de l'organisation des élections législatives et présidentielles. Un gouvernement d'union nationale avait été mis sur pied grâce aux accords de La Mecque en février 2007. Non reconnu par Israël, il avait été torpillé par l'aile dure du Fatah et s'était achevé par la prise de pouvoir à Gaza par Hamas à la mi-juin 2007. Et comme pour renforcer le couple saoudo-égyptien, Israël s'est retiré de Gaza, mardi 20 janvier, bien sûr pour l'entrée en fonction de Barack Obama à la Maison- Blanche, mais aussi au moment où se tenait le sommet du Koweït. D. Bouatta