Alors que tout le monde sait que le bois est perméable, des casiers de ce matériau sont encore utilisés pour le poisson. Le drame est qu'ils sont réutilisés sans avoir été lavés encore moins avoir subi une quelconque désinfection. Les poissonniers seraient-ils invités, dans un proche avenir, à se débarrasser de leurs traditionnelles caisses en bois? Tout porte à penser qu'on pourrait les remplacer par des casiers en plastique. Il paraît que nos voisins marocains et tunisiens s'y sont déjà mis. En plus de cela, le problème de matière ne se poserait pas. L'Algérie serait un gros producteur de plastique. Les services de la Protection civile viennent effectivement d'annoncer que l'une des causes qui pourraient potentiellement être à l'origine des intoxications alimentaires, serait due aux casiers en bois dans lesquels séjourne le poisson qui a déjà acquis la réputation d'être difficile à conserver les crises mal nettoyées et pas rincées convenablement, deviennent sans contexte des foyers de prolifération de micro-organismes pathogènes. Ce sont là les principales causes génératrices de gastro-entérites ou d'autres infections qui peuvent s'avérer encore plus graves. Un phénomène alarmant, et non des moindres, a été observé. Les caisses dans lesquelles sont chargées les cargaisons de poisson pêché sont abandonnées à même le sol après la journée de travail. C'est ainsi qu'à la nuit tombée, des chats, des rats et toutes autres espèces de rongeurs attirés par l'odeur particulière des restes de poissons, solidement incrustés dans les caisses en bois, s'en donnent à coeur joie. Ce qui a pour effet d'augmenter considérablement les risques de transmission de certaines maladies, jusque-là disparues du paysage sanitaire algérien. Les caisses en bois sont réutilisées sans avoir subi aucune ou la moindre opération de désinfection. Cet emballage moyenâgeux n'est, en réalité, que la partie immergée de l'iceberg qui cache la déplorable condition que vit le secteur de la pêche. Alors que le monde est en proie à une crise alimentaire sans précédent qui n'épargne pas notre pays. Une crise que nous surmontons grâce à nos pétrodollars alors que nos 1200km de façade maritime sont un véritable grenier alimentaire inépuisable que nous ne sollicitons pourtant pas. Une grave négligence que l'histoire retiendra sans complaisance à l'encontre des responsables chargés de ce «garde-manger». Et comme il est dit qu' un malheur n'arrive jamais seul, voilà que le peu de poisson qu'on y puise menace notre santé. Pour une histoire de malheureux casiers en bois utilisés depuis Mathusalem et qu'on a oublié de remplacer au troisième millénaire. Pour une histoire d'hygiène aussi, qui n'est pas notre fort. Pour une histoire de chaîne du froid également, que nous n'arrivons ni à mettre en place ni a en maîtriser totalement le processus. Tant et tant de causes que nous ne parvenons pas à écarter alors que cela ne relève nullement des sciences spatiales. Alors que les solutions ne sont qu'une question de bon sens. De sérieux et de travail. N'a-t-on pas parlé, l'été dernier, de maladies mystérieuses et moyenâgeuses? Que d'encre avait coulé autour de ce sujet! Pourquoi ne tiendrait-on pas là un début de réponse à cette énigme? La peste, le choléra, la rage...font partie, désormais, de notre environnement. Un reflet qui n'est, en fait, qu'un réflexe des réflexes d'un mode de vie qui caractérise les villes et les villages algériens. Des signes qui ne trompent pas et qui sont propres aux pays sous-développés. La misère sociale côtoie la misère culturelle. Des tonnes d'ordures jonchent les rues et les ruelles d'Algérie. Tout le monde semble s'en accommoder. Surtout les rats, les chiens et les chats errants qui ont, en fait, leurs lieux de vie. Des lieux de vie créés par nos soins et peut-être pour notre malheur et surtout celui des générations futures, nos enfants. 20.000 cas d'intoxications par an en Algérie. 500 cas par jour pendant le mois de juillet à Alger. Cela donne à réfléchir. Avec de telles craintes pour notre santé, nous n'allons pas tarder à supplier le ministère de la Pêche de ne plus nous approvisionner en poissons si tant est qu'il le faisait convenablement.