Wilaya dotée de plusieurs ports de pêche et censée avoir bénéficié du dispositif de relance du secteur, Skikda n'arrive pas à sauvegarder le marché local du poisson. Ce dernier, déjà très cher, se fait rare. Alors que ceux de Collo sont traités comme de vulgaires trabendistes, les poissonniers du chef-lieu de wilaya viennent de tirer la sonnette d'alarme. Il y a péril en la demeure. Face à la dégradation de leur situation, les poissonniers de Skikda ont décidé de hausser le ton pour faire entendre leurs revendications. Ali Falouti, membre du bureau national des pêcheurs, affilié à l'Union générale des commerçants (Ugca), n'a pas mâché ses mots pour dénoncer la marginalisation que subissent les poissonniers en raison du comportement discriminatoire de certains propriétaires de chalutiers. En effet, ces derniers préfèrent céder leurs produits aux acheteurs d'autres wilayas, prétextant à tort que la population locale n'est pas particulièrement portée sur la consommation de poisson, le blanc essentiellement. “Pourtant, nous avons été harcelés durant toute la saison estivale par les nombreux acheteurs qui viennent scruter les étals et repartent bredouilles. Nous avons bien demandé aux responsables de faire en sorte de réserver au moins 20% de la production pour satisfaire une partie les besoins de la wilaya, en vain.” Notre interlocuteur ajoute qu'il est vrai que la vente du poisson est libre et les poissonniers locaux ne cherchent nullement un traitement de faveur dans les prix pratiqués mais il n'est pas permis de verser dans la spéculation puisque certains d'entre eux sont contraints d'acheter en deuxième main la plupart du temps pour ne pas chômer. Les poissonniers ne s'expliquent pas que, malgré les efforts consentis par l'Etat en encouragé l'investissement dans ce secteur — plusieurs navires de pêche ont été acquis récemment — le citoyen ne profite pas des bienfaits du renforcement des capacités de pêche. Quant au poisson bleu, la sardine en particulier, la situation n'est guère plus reluisante en raison des pratiques de certains propriétaires de chalutiers qui exigent des cautions exorbitantes variant entre 60 à 100 millions de centimes, d'autres demandent le financement des équipements de pêche. M. Falouti affirme qu'une réunion traitant de tous les aspects de la profession a bien eu lieu au cabinet du wali de Skikda et des promesses de régler le problème ont été tenues mais, pour l'heure, elles n'ont pas dépassé le stade de vœu pieux. Les poissonniers avouent être à bout de patience. Leur avenir est menacé car ils n'arrivent plus à couvrir leur charge. À terme, si cette situation perdure, il n'est pas exclu de voir la plupart d'entre eux mettre la clef sous le paillasson. Z. Réda