C'est face à un public restreint que ce groupe de musique médiévale s'est produit dimanche. Entrant dans le cadre du mois culturel européen, le concert, animé par quatre musiciens à savoir Robert Ressicaud, Philippe Curt, Serge Sana et Benoît Pierron a été riche en enseignements quant à la musique pratiquée avant le Xe siècle. Une musique qui a laissé des traces, car ayant pris racine partout, en Asie, en Afrique... Autrement dit, en Orient et en Occident à la fois. Et l'on ne s'étonne pas si les airs joués par les musiciens rappellent étrangement les nôtres. Des extraits de «mouachahate» et des «touchiate» pour ne citer que celles-là étaient bien audibles et même le malouf qui remonte avant le XIIIe siècle, nous dit-on. De douces mélodies qui nous renvoyèrent à l'atmosphère festive des cours royales de l'époque. Un clin d'oeil au film Peplum est venu aussi titiller notre imaginaire... Soucieux de reproduire et de reconstituer avec fidélité cette ambiance de l'art médiéval, l'ensemble Xeremia ne se contentera pas de jouer seulement et qui plus est, sur un grand nombre d'instruments, mais il s'appliquera en plus à nous conter l'historique de chacun de ces instruments, leur composante et leur fonction. Outre cet agréable concert de musique médiévale, le public a eu à apprécier un cours de didactique très riche sur l'art médiéval, sur son évolution et ses influences méditerranéennes. Parmi ces instruments, dont on a eu le plaisir d'écouter les savantes et touchantes sonorités et dont certains appartiennent à notre culture arabo-musulmane, on peut citer le luth oriental, le r'bab, le bendir, la derbouka, le qanoun, mais aussi le violon, la cornemuse, originaire de la Grèce, nous apprend-on et non pas de l'Ecosse... «Dans toutes les religions, l'homme a de tout temps chanté la gloire de son Dieu. En Occident, il y a la musique grégorienne» pour porter haut et fort la spiritualité et la foi en le seigneur. Un chant basé sur la poésie. A fortiori quand il s'agissait de chanter l'amour, la femme...Ce sont les troubadours ou les trouvères qui la véhiculèrent. En nous éveillant à ces musiques traditionnelles, ce sont notre âme et notre sensibilité contemporaines qui se trouvaient touchées de plein fouet par la grâce de ce patrimoine plusieurs fois millénaire. Un patrimoine séculaire partagé par les deux rives de la Méditerranée et qui s'inscrit aujourd'hui «au coeur de la culture universelle». En se reférant aux musiques manuscrites originales, le groupe a revisité ainsi les musiques profanes et sacrées de cette époque médiévale. Invité à se produire à Alger sur initiative du Centre culturel français, l'ensemble Xeremia animera jeudi au Bastion 23 à partir de 19 heures un autre concert en compagnie, cette fois, des élèves de musique andalouse du conservatoire d'Alger. Une fusion lourde de sens et qui en dit long sur notre culture commune. Une rencontre musicale basée sur l'échange et l'altérité.