Comme prévu, la Canadienne Luan Jujie n'a pas réalisé d'exploit lundi dans le tournoi individuel de fleuret des Jeux olympiques, mais pour la doyenne des épreuves d'escrime, l'essentiel était de remercier Pékin et la Chine, le pays qu'elle a représenté jusqu'en 1988. Elle n'a disputé que deux matches, mais Luan Jujie, 50 ans, n'est pas prête d'oublier l'accueil que lui a réservé le public pékinois. «C'est fini, mais c'était très spécial, car je me suis sentie comme à la maison et je n'avais jamais eu la chance de tirer dans un grand championnat en Chine», a-t-elle expliqué après sa défaite contre la Hongroise Aida Mohamed, de 18 ans sa cadette, en 16es de finale. Si elle a émigré au Canada à la fin des années 80 et a depuis fait sa vie à Edmonton (Alberta) où elle dirige le club d'escrime local, Luan Jujie est très célèbre en Chine depuis qu'elle a remporté le titre olympique au fleuret en 1984, le seul de l'escrime chinoise. Aussi, malgré la défaite, cette mère de trois enfants arborait un large sourire, déployant un drapeau chinois pour «remercier la Chine qui m'a fait voyager, m'a formé et fait devenir ce que je suis». Pour participer à ses quatrièmes JO - deux sous les couleurs de la Chine en 1984 et 1988, deux sous celles du Canada en 2000 et 2008 -, la «mamie de l'escrime» a travaillé pendant quinze mois: «Cela a été très éprouvant, j'ai beaucoup voyagé, j'ai passé deux mois en Europe pour y disputer six compétitions». «Aujourd'hui, en comparaison, je ne suis pas fatiguée après ces deux matches. En vérité, je me sens comme si j'avais 30 ans», lâche-t-elle dans un éclat de rire. Mais celle qui avait forcé l'admiration de tout un peuple en 1978 en remportant la médaille d'argent des Championnats du monde junior malgré une grave blessure au coude causée par la lame d'une adversaire avant d'atteindre la finale, n'entend pas poursuivre sa carrière, tout au moins au haut niveau. «Elle va participer aux Mondiaux vétérans de Limoges en septembre. Lujie ne peut pas vivre sans l'escrime», souligne l'encadrement de l'équipe du Canada. Petite célébrité à Edmonton, réelle star en Chine, Mme Luan va bientôt ouvrir une école d'escrime portant son nom en Chine. Elle veut aussi superviser l'entraînement de l'une de ses filles Jerrica, l'un des plus grands espoirs de l'escrime... canadienne.