Des pourparlers sont en cours à Islamabad pour éviter au président pakistanais une humiliante procédure de déposition. Des tractations sont en cours au Pakistan sur une démission du président Pervez Musharraf, afin de lui épargner l'humiliante procédure de destitution lancée par le gouvernement, voire des poursuites ultérieures, ont indiqué hier des responsables. «Des négociations sont en cours et beaucoup de gens ont intérêt à ce que cette question soit réglée de manière amicale sans aller jusqu'à la destitution du président Pervez Musharraf», a révélé à Tariq Azim, ancien ministre adjoint de l'Information dans le précédent gouvernement pro-Musharraf. M.Azim a surtout refusé d'exclure la possibilité que le président puisse quitter le pouvoir dont il s'était emparé par un coup d'Etat militaire en octobre 1999. «Ma conviction est (...) qu'il n'est pas question pour lui de quitter le Pakistan», a simplement relevé l'ex-ministre. Une autre option qui s'offrirait au chef de l'Etat serait de «réduire le statut du président à celui d'une figure de premier plan» aux pouvoirs honorifiques, dépouillée des droits de dissolution du Parlement et de nominations des chefs des armées, a détaillé M.Azim. Deux responsables de la coalition gouvernementale, mise sur pied en mars et hostile au chef de l'Etat, ont confirmé à des pourparlers avec le camp présidentiel. M.Musharraf partirait en échange de l'assurance de ne pas être poursuivi pour avoir imposé l'état d'urgence le 3 novembre 2007, un mois après avoir été réélu de manière controversée, a expliqué l'une de ces sources. «Il a été clairement dit à ses conseillers que la seule façon d'échapper à la destitution, c'est de démissionner. Le gouvernement ne veut pas qu'il reste à la présidence», a prévenu ce responsable. Mais Musharraf reste «un élément instable», a averti une seconde source de la coalition, laissant entendre que rien n'était joué. D'autant que le premier porte-parole de la présidence a démenti toutes «ces rumeurs de démission du président Musharraf» pour échapper à la procédure de destitution annoncée le 7 août par la coalition au pouvoir, comme l'affirment le Wall Street Journal, le New York Times et le Financial Times en citant des diplomates et des responsables politiques. «Je ne sais pas où ils ont obtenu de telles informations sans fondement (et) malveillantes», a dénoncé le général en retraite Rashid Qureshi. M.Musharraf, jusqu'à présent l'allié clef des Etats-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme» islamiste, avait fait savoir lundi n'avoir nullement l'intention de lâcher les commandes de cette puissance nucléaire. La coalition gouvernementale, dirigée par le Parti du peuple pakistanais (PPP) de la défunte Benazir Bhutto, allié à la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) de l'ex-Premier ministre Nawaz Sharif, s'était engagée jeudi à destituer coûte que coûte M.Musharraf. Mercredi soir, ce dernier avait lancé un ultime appel à «la réconciliation» alors que jamais, dans l'histoire du Pakistan, un président n'a été destitué. La presse locale spécule ces jours-ci sur une porte de sortie pour l'ex-général. L'acte d'accusation est quasiment bouclé, selon le PPP dirigé par le veuf de Mme Bhutto, Asif Ali Zardari. Une résolution en vue d'une destitution serait soumise lundi à l'assemblée nationale. Le président de cette chambre basse du Parlement aurait ensuite trois jours pour transmettre ce document à M.Musharraf, lequel disposerait d'une à deux semaines pour éventuellement répondre et se défendre devant le Parlement. Le PPP, la PML-N et des petits partis alliés ont besoin des deux-tiers des voix de l'Assemblée nationale et du Sénat réunis en Parlement pour évincer le président. Il leur en manque une petite trentaine.