Il n'est plus qu'à une marche du record historique de tous les Jeux. Sauf accident avec le relais américain du 4x100 m 4 nages, Michael Phelps deviendra aujourd'hui le premier athlète à remporter huit médailles d'or lors des mêmes Jeux olympiques après son épique succès sur 100 m papillon hier à Pékin. L'autre temps fort de la matinée d'hier dans le «Cube» a été l'explication des «gros bras» sur 50 m libre, avec le premier brésilien champion olympique de natation, Cesar Cielo Filho, devant les Français Amaury Leveaux et Alain Bernard, le champion olympique du 100 m. En attendant son sacre absolu, Phelps a livré un duel mémorable au Serbe Milorad Cavic pour s'imposer «à la touche». Peut-être perturbé par la provocation du Serbe, le défiant en lui faisant face avant de monter sur le plot, Phelps a atteint la mi-course en 7e position. Cavic, lui, avait déjà culbuté depuis 62/100e de seconde. Un écart visible à l'oeil nu qui laissait croire possible une défaite de l'Américain. Mais pour sa 16e course en huit jours, il a puisé dans ses ressources. Et à un mètre du mur, Phelps a balancé ses bras pour un ultime mouvement de «pap». Cavic, lui, a choisi de s'étirer...Et Phelps a gagné. Après la course, les Serbes ont bien essayé de faire monter leur nageur sur le podium aux côtés de Phelps, mais leur réclamation fut vaine. Le meilleur est bien le «Kid de Baltimore». «Je suis encore sous le choc. Une centième de seconde, c'est le plus petit écart en sport», a lancé l'immense champion avant de sourire: «C'est cool en fait». A voir son cri de «Tarzan» et sa façon de mettre des claques dans l'eau à l'arrivée, on comprend qu'il a eu peur de l'échec, comme lors du relais 4x100 m libre face aux Français. Débarrassé de cette épreuve, Phelps peut croire en une apothéose ce matin avec ses copains de relais 4x100 m 4 nages. Une médaille - quelle que soit la couleur - lui assurera en plus de devenir l'athlète masculin le plus médaillé de l'histoire avec 16 médailles (8 à Athènes et 8 à Pékin). Avec le champion olympique du 100 m dos, Aaron Peirsol, le 3e du 100 m libre, Jason Lezak, le 4e du 100 m brasse, Brendan Hansen, et Phelps, seul un accident de parcours, comme une disqualification pour faux départ par exemple, semble en mesure de se mettre en travers de la route de Phelps. Sur 50 m libre, personne n'a pu se mettre sur le chemin de Cesar Cielo Filho. Totalement bouleversé sur le podium, le plus jeune des engagés de la finale (21 ans) a réalisé la portée de son exploit de longues minutes après. «J'ai de la chance, le soleil a brillé sur moi. J'ai beaucoup travaillé sur les détails, j'ai beaucoup observé les différentes techniques permettant de s'améliorer sur le 50 m. Tout se joue à quelques centièmes de secondes. Le 50 réserve toujours des surprises. Aujourd'hui, c'était ma journée, j'ai triomphé», a lancé l'émouvant nageur, vite rejoint au bord du bassin par ses coéquipiers pour de longues et belles embrassades. En 21 secondes 30/100, il a devancé un duo français, Amaury Leveaux, bien caché à la ligne N.8 (21.45) et Alain Bernard (21.49), qui remporte sa troisième médaille chinoise après le 100 m libre et relais 4x100 m libre avec Leveaux. Mais l'exploit est aussi venu de Rebecca Adlington, déjà sacrée sur 400 m libre. A 19 ans, la jeune britannique a effacé l'un des monuments de la discipline, l'Américaine Janet Evans, qui restait la détentrice du plus vieux record du monde (8:16.22, le 20 août 1989). Adlington, en pleurs dans l'eau, a abaissé ce chrono de plus de deux secondes (8:14.10). «Je n'arrive pas à croire ce qui m'arrive. Ce n'est pas comme sur le 400. Là, j'ai su très tôt que j'avais gagné, c'est totalement incroyable», a-t-elle lâché. Enfin la Zimbabwéenne Kirsty Coventry a elle aussi poursuivi sa moisson avec le titre sur 200 m dos, portant à quatre son nombre de médailles dans le Cube après l'argent sur 100 m dos, 200 m 4 nages et 400 m 4 nages.