C'est la redoutable épreuve à laquelle est soumise la majorité des Algériens avec une mention spéciale en période estivale. Existe-t-il une réglementation qui régit et contrôle les nuisances sonores? Dans le cas de la négative, il serait peut-être urgent de l'instaurer. Pendant la belle saison, le phénomène tend à s'amplifier pour atteindre des pics à la limite du tolérable. Ce week-end, dans la proche banlieue béjaouie, à Targa Ouzemour plus précisément, la célébration d'un mariage a viré au cauchemar pour les riverains. Le jour s'est confondu avec la nuit. Une musique non-stop, sans une seconde d'interruption, dans tous les genres, kabyle, sétifien, raï, chaoui...était diffusée depuis les lieux où se déroulait la noce. Celle-ci a duré 48 heures. Les voisins, adultes et enfants ont cherché le sommeil, en vain. Rencontré tôt dans la matinée, un homme tenant son jeune fils dans les bras qui, visiblement n'en pouvait plus, nous a confié: «Je pars au village aujourd'hui pour essayer de trouver un peu de repos.» La musique a repris avec violence dès 8h du matin. Combien sont-ils, ces gens, qui osent croire que célébrer un heureux événement rime avec «tout est permis» au risque de nuire à la santé de leur voisinage? Les cortèges de voitures klaxonnant à tue-tête sont devenus incontournables pour la célébration des mariages. Ils sont en général accompagnés par l'air de la zorna et le son des instruments à percussion auxquels se mêlent les youyous à tout rompre. Lorsque tout se passe bien et que l'événement est réglé, canalisé comme il se doit, cela donne un caractère particulier à la cérémonie. Il faut, cependant, reconnaître que le bruit, celui qui dérange, fait désormais partie de notre environnement quotidien. La voisine du dessus qui oublie d'ôter ses chaussures à talons aiguilles lorsqu'elle rentre de son travail, les voisins qui déplacent leurs meubles au beau milieu de la nuit, sans doute pour faire de la place pour dormir, ceux qui mettent de la musique à fond, ceux qui se disputent et ceux qui jouent au foot sous les fenêtres...et la liste est longue, font désormais partie du paysage de nos immeubles et de nos quartiers. S'il faut ajouter à tout cela les vrombissements insupportables des camions vieillissants, des grosses cylindrées, des motos, des mobylettes pétaradantes, autant dire que c'est l'enfer. Et pour agrémenter le tout, des décibels plein les oreilles viennent vous déchirer les tympans. Ils surgissent des postes cassette des voitures ou bien de magasins spécialisés dans la vente de CD qui déferlent sur les trottoirs de nos rues. Que l'on soit à Alger, Oran, Annaba, Constantine, Tizi Ouzou ou Béjaïa, le phénomène s'est généralisé. C'est à se demander s'il n'a pas été étudié, planifié. Comment parer à cette pollution sonore qui s'invite par effraction jusqu'à l'intérieur des foyers algériens? Un phénomène auquel aucune porte, aucune cloison ne peut faire barrage si ce n'est l'appel au bon sens, au civisme et par conséquent, le respect d'autrui qui demeure la base fondamentale de toute société qui se veut civilisée. Le phénomène des nuisances sonores qui particularise la célébration de certains événements, à l'instar du mariage, ne peut apparaître que comme un appendice du désir d'exhibition de signes extérieurs de richesses qui symbolisent l'ostentation.