Hier, la localité des Issers, à 25km au sud-est de Boumerdès et 50km à l'est d'Alger, a été le théâtre d'un attentat kamikaze le plus meurtrier et le plus violent des huit derniers mois. Encore une fois, les victimes étaient des civils. Ils étaient de jeunes bacheliers qui allaient postuler aux différents concours d'accès au corps de la Gendarmerie nationale. Venus des quatre coins du pays, cela fait plus d'une semaine qu'ils formaient des chaînes à l'extérieur de l'école, quotidiennement, pour pourvoir bénéficier d'un sésame d'entrée à l'école de la Gendarmerie. Une déflagration commanditée par des criminels a réduit à néant leurs rêves juvéniles. La déflagration d'une telle puissance, qui a été entendue à 40km à la ronde. Le bilan de ce carnage fait état de 43 morts civils et 1 gendarme, ainsi que 45 blessés dont 8 gendarmes, selon le ministre de l'Intérieur qui s'est rendu sur les lieux aux environs de 10h. Un cratère de près de 3m de largeur et 1m de profondeur témoigne de la forte charge d'explosifs utilisée dans cet attentat. Il était 7h30 quand un kamikaze à bord d'une camionnette s'est lancé à toute allure sur l'entrée principale de l'Ecole supérieure des officiers de la Gendarmerie nationale. Les obstacles et barricades en béton dressés devant le portail, ont néanmoins stoppé l'avance de la camionnette qui fonçait tel un bolide, selon les témoignages des riverains. L'explosion a détruit en partie la clôture de l'Ecole supérieure de la gendarmerie. Les gendarmes en faction au niveau du poste d'observation (p.o) n'ont même pas eu le temps de réagir. Le gendarme en sentinelle a tout de même utilisé son sifflet pour sommer le chauffeur de s'arrêter, mais c'était déjà trop tard. Ce dernier nous confiera: «J'avais l'impression que le bus était comme soulevé dans l'air puis relâché, à plusieurs reprises» Le bus en question, venant d'Oran vers Tizi Ouzou a été sérieusement touché par le souffle de la bombe. Parmi les passagers, on dénombre plusieurs blessés et même des morts. Les corps de 4 citoyens à bord d'une Clio verte, ont été totalement déchiquetés. Un des ambulanciers rencontré sur les lieux nous raconte l'horreur de cette scène sanglante. «Quand je suis arrivé ce matin, sur les lieux, j'ai vu une trentaine de corps méconnaissables, gisant dans le fossé, des parties de corps et lambeaux de chair éparpillés partout, et d'autres accrochés aux arbres des environs.» Des arbres arrachés, des débris de verre partout, des flaques de sang à même le sol, les murs défoncés, des portes éventrées, c'était cela l'atmosphère apocalyptique, générée hier par cet attentat. Un des jeunes veilleurs encore sous le choc et qui était à l'intérieur au moment de l'explosion, dira: «J'ai été arraché de mon sommeil par cette explosion, au début j'avais cru à un tremblement de terre, mais quand j'ai entendu des cris partout, j'ai couru comme tout le monde.» Toutefois, un des témoins oculaires, nous révélera qu'à bord de la camionnette, il y avait en fait, deux individus, l'un d'eux est descendu pour rejoindre la chaîne formée par les candidats et l'autre a manoeuvré son véhicule pour se lancer sur l'entrée de l'école. On suppose que le deuxième kamikaze portait une ceinture d'explosifs. A l'hôpital de Bordj Menaïel, où l'on s'est rendu, on a constaté que les 40 blessés admis sont tous des jeunes âgés entre 20 et 23 ans.