Elle clôture en beauté une moisson de médailles d'or dans les sprints individuels. La déferlante Usain Bolt annonçait donc bien le raz de marée du sprint jamaïcain, encore à l'honneur au Nid d'Oiseau avec la victoire de Veronica Campbell dans le 200 m des Jeux de Pékin, jeudi, aux dépens de l'Américaine Allyson Felix. «Je suis très heureuse, vraiment très heureuse. Le Grand Chelem sur le sprint, c'est incroyable», s'est exclamée Campbell qui a confirmé son succès des Jeux d'Athènes, déjà devant Felix. Usain Bolt avait déjà remporté les 100 m et 200 m messieurs, et Shelly-Ann Fraser s'était imposée en finale du 100 m féminin. C'est la première fois que la Jamaïque réalise le carton plein, déjà réussi à trois reprises par les Etats-Unis (1964, 1984, 1988). «On se croirait aux Jeux de la Jamaïque», a ironisé un observateur. Si Campbell est devenue la 5e performeuse de tous les temps, en 22 sec 74 (vent favorable de 0,6 m/s), Felix a régressé (21.93 contre 21.81) par rapport à la finale mondiale 2007 qu'elle avait survolée, avec 53 centièmes de marge sur Campbell. Et la défaite du sprint US a tourné à la débâcle avec l'élimination des deux relais 4X100. Les messieurs ont fait tomber le bâton, les filles de même. Et voir Lauryn Williams ramasser le témoin, pour terminer huitième et dernière, a fourni l'image de l'humiliation américaine. Les Etats-Unis ont quand même hissé les couleurs dans leur spécialité du tour de piste, en réalisant le triplé. Mais ce n'est pas Jeremy Wariner, le champion sortant, qui s'est imposé. Le Texan a ressenti un gros coup de fatigue à 80 m de la ligne et LaShawn Merritt s'est imposé avec une marge d'une seconde. «Je ne me suis jamais entraîné si fort que cette année», a remarqué Merritt, 22 ans, qui avait déjà battu Wariner deux fois cette saison. Si la Jamaïque fait l'histoire des Jeux, la Tchèque Barbora Spotakova a convié le passé pour fêter son succès au javelot, record d'Europe en prime (71,32m). A l'instar de la Tchèque, le triple sauteur portugais Nelson Evora, originaire du Cap-Vert, a confirmé son succès des Mondiaux d'Osaka. «C'était un concours relevé et incertain. Le leader changeait à chaque essai», a souligné Evora (17,67 m), qui a précédé le Britannique Phillips Idowu (17,62 m). Ce titre d'Evora, 24 ans, est le quatrième de l'histoire du Portugal en athlétisme et le premier qui ne concerne pas les courses de fond (marathon et 10.000 m). Et puis c'est une consolation après l'échec à la longueur de Naide Gomes. Et si Liu Xiang avait été là? La Chine attendait ce 21 août depuis des mois dans l'espoir de voir son idole conserver le titre olympique d'Athènes sur 110 m haies. Mais «l'athlète volant», blessé et forfait lundi dès les séries, n'avait pas rendez-vous avec l'histoire. C'est le Cubain Dayron Robles, «l'Adonis des Caraïbes», qui s'est imposé en félin (12.93), loin devant les Américains David Payne et David Oliver. «Etre champion olympique donne un sentiment de plénitude. Je suis simplement déçu que Liu soit absent de cette finale et notamment pour le public. Mais ainsi va la vie! Je suis sûr qu'il reviendra et que nous aurons un beau duel aux Mondiaux l'an prochain», a déclaré Robles, 21 ans seulement. «Pour moi, c'est également particulier de succéder à Anier Garcia (le Cubain champion olympique en 2000)», a-t-il ajouté. Sous la pluie diluvienne en matinée, pour baptiser les hommes forts du décathlon, les favoris du 800 m se sont liquéfiés en demis. Le Russe Yuriy Borzakovskiy et le Sud-Africain Mbulaeni Mulaudzi, champion et vice-champion olympique à Athènes, mais aussi le jeune Soudanais Abubaker Kaki, sont sortis sans gloire.