La capitale chinoise, Pékin, perdra ce soir son bouillonnement et son rythme. C'est la fin de la manifestation sportive la plus attendue tous les quatre ans et dans laquelle toutes les disciplines sont présentes. Promue capitale du monde pendant deux semaines, Pékin retrouvera à partir de ce soir son souffle coutumier. A quelques heures seulement du baisser de rideau de la messe olympique, les Chinois, qui ont égayé le déroulement des Jeux, laissent transparaître des signes de regret de voir la flamme olympique quitter leur sol et prendre le chemin de Londres, la capitale britannique, heureuse élue pour abriter la prochaine édition. Les Chinois ne cultiveront pas seulement un sentiment de regret. La satisfaction est aussi chinoise. De la démonstration organisationnelle au boom économique jusqu'à la réussite technique. La Chine tenait à offrir au monde des Jeux exemplaires et donner ainsi la meilleure image d'elle-même. Avant même la clôture de l'événement, le public a fortement admiré l'organisation et l'ambiance. Pour de nombreux spectateurs venus assister aux épreuves, l'organisation est parfaite. Certains disent, avec ironie, que c'est même un peu trop. En matière d'organisation, la Chine a manifestement placé la barre très haut. Le premier à subir les effets d'une telle démonstration est incontestablement le comité d'organisation des futurs Jeux, tenu, comme la tradition de la passation de la flamme, de faire mieux que son précédent. Economiquement, les Chinois ont soigné leur santé financière à la faveur de ce rendez-vous qui a attiré des centaines de millions de personnes. Le tout est couronné par une première place remportée au bout d'une compétition âprement disputée contre les Américains. Des moments peu communs ont été vécus lors des jeux Olympiques de Pékin. De la joie de l'Américain Phelps, venu en Chine ratisser toutes les médailles d'or en jeu dans la natation, au phénoménal Jamaïcain Bolt qui s'est vu obligé de trouver des concurrents autres que l'homme. Il n'a pas trouvé mieux que «l'être-temps» pour le motiver à courir plus vite. Les JO 2008, c'est la fin d'un règne dans les courses de vitesse. Les Jamaïcains ont désormais pris le pouvoir en battant des records que personne n'avait imaginés. Le relais jamaïcain s'est offert en effet un record inattendu. Grâce à Usain Bolt et Asafa Powell, la petite île des Caraïbes vient de renverser l'ordre établi depuis plusieurs années. Les spécialistes de cette course ont trouvé raison à observer une halte. «En Chine, le sprint est passé dans une autre ère. Celle où les représentants de Kingston règnent en roi. Ce relais fut une démonstration de force. Il faut dire qu'avec trois finalistes du 100 mètres, dont Bolt dans le virage et Powell dans la dernière ligne droite, la Jamaïque, qui n'avait plus gagné de médaille olympique sur la distance depuis 1984, possède la Dream Team du sprint mondial. Asafa Powell, pour sa part, décroche enfin un titre majeur à la hauteur de son immense talent, alors que l'île de 2,7 millions d'habitants n'est plus qu'à une unité d'égaler en une seule édition son total de médailles d'or remportées de 1948 à 2004», note un spécialiste de la discipline. La «révolution» ne s'est pas arrêtée au sprint dans la mesure où les grandes distances ont enregistré la naissance de nouvelles stars, à l'image de l'Ethiopienne Tirunesch Dibaba, désormais la première athlète à avoir gagné le 5 000 et le 10 000 mètres dans les mêmes Olympiades. Le matin du 19 août restera sans nul doute gravé dans la mémoire des Chinois, choqués par l'annonce du forfait de l'athlète du 110 mètres, Liu Xiang, leur seul espoir de médaille. Une méchante blessure l'a contraint à laisser sur leur faim les 90 000 spectateurs qui ont investi les gradins du Nid d'oiseau avec l'envie de goûter à la première médaille chinoise en athlétisme. Le rendez-vous de Pékin est celui de la régression de l'athlétisme algérien et marocain, habitué à briguer l'or notamment dans le demi-fond. 2008 a donc sonné la fin d'un cycle pour deux pays arabes qui se sont fait un nom parmi les spécialistes de l'épreuve. L'Algérie a abandonné le couloir du 1 500 m pour celui du 800 m avec l'arrivée de Nabil Madi et de Nadjim Manceur. Ce dernier, âgé d'à peine 20 ans, est déjà finaliste aux olympiades. De quoi nourrir un mince espoir pour une discipline qui n'assume plus son héritage. En football, c'est plutôt la présence des grandes stars mondiales qui a sauvé l'audience du tournoi traditionnellement relégué au second plan par l'athlétisme. Les organisateurs annoncent un chiffre de 2 140 000 spectateurs ayant suivi les deux tournois de football. La présence de Messi, de Riquelme et de Ronaldinho a considérablement participé à la grande affluence constatée durant le tournoi remporté par l'Argentine devant une sélection nigériane qui promet et qui rappelle la génération des Amokachi, Amuniké et autre Oliseh. A. Y.