Des augmentations sauvages et nos marchés prennent l'allure d'une vraie Bourse des valeurs. Le modeste consommateur ne sait plus où aller. A quelques jours de son début, le mois de Ramadhan n'en sera que plus chaud. «Les gens nous considèrent comme des voleurs, alors que nous ne faisons que suivre les cours du marché», se défendent des commerçants dans leur ensemble. Le marché est régi, selon eux, par la «loi» de l'offre et la demande. Un argument souvent mis en avant par les officiels eux-mêmes pour justifier les bonds de géant que font quotidiennement les prix. Certains produits ont augmenté sensiblement par rapport à l'année dernière, comme la laitue qui a atteint les 120 DA. Les fruits ne sont pas en reste et affichent souvent des prix très élevés, 120 DA le kilogramme de figues. Des prix hors de portée de la bourse de la modeste ménagère. Ces prix rappellent étrangement une situation déjà vécue. Des hausses intempestives et basées sur la spéculative à souhait qui mettent à rude épreuve le pouvoir d'achat des couches populaires et moyennes. Dans un entretien qu'il nous a accordé hier en son siège ministériel à Alger, le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au niveau du ministère du Commerce, M.Abdelhamid Boukahnoun, a indiqué que son institution se désengage de l'envolée des prix des fruits et les légumes. Plus explicite, il dira que «le ministère de tutelle ne contrôle que les produits subventionnés, en l'occurrence, le lait, la semoule, le pain et la farine». Quant aux fruits et légumes, «leurs prix sont libres». Selon ce responsable, «c'est là, le droit légitime du commerçant et non pas une spéculation». Et d'enchaîner: «C'est la mercuriale. C'est la loi de l'offre et la demande.» Sur un autre registre, il a rassuré les citoyens qui se préparent pour le mois de Ramadhan dans quelques jours que «l'approvisionnement est assuré pour ce mois sacré». Il a souligné, en outre, que 3800 agents de contrôle ont été instruits pour réprimer toutes les fraudes sur le territoire national. Ces fraudes concernent, faut-il le rappeler, le non-respect des prix fixés pour les produits subventionnés, l'exercice d'une activité commerciale sans registre du commerce, le défaut de facturation ainsi que celui de l'affichage des prix. Pour rappel, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M.Rachid Benaïssa, avait indiqué le 9 juillet dernier, la mise en oeuvre d'un nouveau dispositif de régulation des produits agricoles de large consommation, notamment la pomme de terre, à travers la constitution d'importants stocks. Ce dispositif vise à préserver la stabilité des revenus des agriculteurs et des prix de leurs produits, notamment celui de la pomme de terre qui, selon eux, ne couvre même plus les coûts de production. Ce dispositif permettra aux pouvoirs publics d'intervenir afin d'absorber le surplus de production et protéger les revenus des agriculteurs, d'une part, et d'alimenter le marché avec les quantités stockées en cas de crise et sauvegarder ainsi le pouvoir d'achat des consommateurs, d'autre part. Il vise également à constituer un stock de différents produits de large consommation à utiliser en cas de hausse des prix, afin de parer à une éventuelle pénurie sur le marché. L'Etat a décidé de mettre en oeuvre ce dispositif, dans un premier temps, avec la pomme de terre, il sera élargi par la suite aux autres produits agricoles.