La mercuriale inquiète déjà les ménages les plus modestes, hantés par le spectre de la flambée des prix des deux dernières années. Censé être celui de la piété, le mois sacré de Ramadhan est le plus redouté par les Algériens. Ils se tiennent déjà le ventre. Aucun signe encourageant ne se profile à l'horizon. Que d'appréhensions! Après une période éphémère de stabilité, les prix des fruits et légumes reprennent leur hausse vertigineuse. La mercuriale inquiète déjà les ménages les plus modestes, hantés par le spectre de la flambée des prix des deux dernières années. Que ce soit au niveau des marchés de gros ou de détail, ces prix sont excessivement élevés. Etant un tubercule qui est à la base des plats les plus prisés par les familles algériennes, la pomme de terre se vend d'ores et déjà à 50DA le kilo dans certains quartiers d'Alger. C'est un avant-goût de ce que sera le mois de jeûne qui portera certainement un grand coup à nos bourses. La hausse n'épargne aucun légume de large consommation. Pour la tomate, le poivron et les aubergines, vendus entre 10 et 20 dinars en pareille saison, on en est à 70DA. C'est la folie des prix qui connaîtront certainement d'autres pics au fil des jours. A trois semaines du Ramadhan, on imagine la réponse des ministres concernés, ceux du Commerce et de l'Agriculture, une fois interrogés sur cette lancinante question. «Ce sont les spéculateurs qui sont derrière l'augmentation des prix», ont-ils pour habitude de se justifier ou de se voiler la face. La tare pèse uniquement sur le consommateur. Avec un pouvoir d'achat dérisoire, un salaire insignifiant, parfois largement en dessous du Snmg, le salarié aura une lourde tâche sur ses épaules. Comment gérer son argent laborieusement économisé, si économie il y a, est loin d'être une sinécure. C'est un vrai casse-tête qui attend tout responsable de famille. Les indices annonçant un Ramadhan difficile sont nombreux, alors qu'il approche à grands pas avec son «cortège» de hausses des prix où la viande rouge ou blanche est hors de portée de la bourse de la plupart des ménages. L'importation des viandes décidée par le département du commerce en ces moments pénibles ne semble pas pousser les prix à la baisse. Le kilo de viande rouge est cédé à 950DA. Les bouchers promettent «un enfer» dès le début du mois de Ramadhan. Le prix annoncé peut selon leurs dires atteindre les 1200DA, soit l'équivalent d'une journée de salaire d'un fonctionnaire bien rémunéré. Etouffées, les petites bourses ne pourront jamais s'en sortir, sauf avec endettement. En sus des prix élevés, plane le spectre de la consommation d'une viande «non halal». On se souvient tous des abattoirs et boucheries inondés par de la viande d'âne...que les Algérois ont consommée un mois durant. Pour la viande blanche, le problème persiste: plusieurs dizaines de poulets ont péri ces derniers jours sous l'effet d'une canicule sans précédent. Cette perte ne sera pas sans conséquences sur la disponibilité du poulet ni sur son prix. Si l'Algérien peut se priver de viande, de pomme de terre, de chorba, il ne peut en faire de même pour le pain. Pourtant, les coupures d'électricité peuvent conduire à une pénurie. Vivre sans pain durant le Ramadhan semble être possible. Sans électricité plusieurs fois par semaine, les 1500 boulangeries de la capitale seront obligées à mettre en congé leur boulangers, et cela juste avant le début du Ramadhan. Si cette situation n'est pas réglée dans l'immédiat, l'achat du pain nécessitera quotidiennement des heures de chaîne. Comme la facture du Ramadhan, le pain sera également salé. Ce qui inquiète le consommateur, c'est que le syndicat des boulangers insiste sur nombre de points avant le mois de jeûne. Entres autres revendications, la baisse de la facture d'électricité qui leur revient entre 10 et 12 millions de centimes. Le Ramadhan approche, les interrogations des Algériens se multiplient.