La résolution des ONG, condamnant et qualifiant les pratiques d'Israël dans les territoires palestiniens occupés de racistes, a marqué un tournant dans la conférence de Durban, avec le retrait simultané des Etats-Unis et d'Israël, isolés sur la question du Proche-Orient. Le départ des Américains et des Israéliens, qui se sont retirés lundi, au quatrième jour de la conférence sur le racisme à Durban, n'aura pas d'incidence particulière sur la poursuite des travaux. Même s'ils reconnaissent que le retrait des Etats-Unis «va certainement rendre plus difficile le travail qui est entrepris à Durban», les Canadiens «resteront et poursuivront le dialogue». Il en est de même des Européens de l'UE (Union européenne) qui essayeront de trouver avec les Africains et les Arabes un terrain de consensus pour «sauver la conférence de Durban», selon une source proche de l'UE qui a rallié à elle les 13 Etats européens candidats à l'Union européenne. Ce qui fait dire à un délégué européen «au total, cela fait 28 pays solidaires qui resteront ou partiront ensemble». Cela ne se fait pas en vérité sans arrière-pensée politique, l'UE, en s'installant dans le vide laissé par le retrait américain, veut contribuer à renforcer son propre rôle dans le contentieux proche-oriental où son influence est anecdotique. Aussi les Européens veulent-ils reprendre pied dans une région d'où ils ont été, progressivement, évacués par la mainmise américaine sur le dossier israélo-palestinien. Aussi le retrait américain, aussi regrettable soit-il, peu être profitable à des Européens évincés d'une région qu'ils ont longtemps dominée après l'avoir charcutée. A Durban, attendu par nombre d'analystes et d'observateurs, le retrait des Etats-Unis et d'Israël de la conférence sur le racisme n'aura pas trop surpris. Il se pourrait même que le retrait des Américains et des Israéliens - qui ont dès le commencement donné une dimension polémique à leurs actions au sein de la conférence - va redonner aux travaux leur pugnacité et leur nature première de mettre à l'index le racisme, l'intolérance et la xénophobie. C'est en tout cas le voeu des délégations arabes, qui insistent sur le fait que la conférence de Durban n'a aucun caractère politique et que l'objectif des délégués arabes demeure, comme le rappelait hier Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, que la déclaration (finale) de la conférence «soit équitable et évoque les souffrances endurées par les peuples du fait du racisme», indiquant en sus que les Arabes «ne sont pas venus à Durban pour examiner les volets politiques de la question palestinienne, mais pour (faire) condamner les pratiques racistes d'Israël dans les territoires palestiniens occupés». Et c'est justement à ce niveau que persiste l'équivoque, voulue par Israël, entretenue par les Etats-Unis: l'intolérance vis-à-vis de la population palestinienne dans les territoires occupés, la répression contre la résistance, facilement assimilée par les occupants à du terrorisme, la politique de «bantoustanisation» initiée par les gouvernants israéliens, ne sont-ce pas là des pratiques «racistes» condamnées partout ailleurs dans le monde? En tout état de cause, il serait difficile aux Européens, qui semblent vouloir couper la poire en deux, de justifier la féroce répression de l'armée israélienne contre l'Intifadha et contre un peuple désarmé, dont le seul tort, aux yeux de ses tortionnaires, est de crier son droit, comme tous les peuples du monde de créer son Etat indépendant sur les territoires (palestiniens) qu'Israël occupe depuis 1967. Le point nodal du dossier palestinien demeure le retrait d'Israël des territoires occupés, conformément au principe de La terre contre la paix. Si personne n'explique aux Israéliens qu'ils ne peuvent prétendre à la paix, sans céder la terre, il y aura peu de chance que les choses évoluent, et que le dialogue de sourds, ainsi perpétué, n'aura pour seule conséquence que d'entretenir les violences tragiques, dont le gouvernement actuel du Premier ministre de droite, Ariel Sharon, assume toutes les responsabilité. Les Israéliens, qui sont à l'origine de la reprise des violences dans les territoires occupés, en exigent maintenant l'arrêt, alors que dans le même temps l'armée utilise un armement de guerre contre la résistance palestinienne, tout en commettant des assassinats ciblés de dirigeants palestiniens. Des efforts sont actuellement initiés, notamment par les Européens, pour, d'une part, parvenir à une accalmie et faire reprendre les négociations, d'autre part, singulièrement en organisant une rencontre entre Yasser Arafat et Shimon Peres. Cependant interrogé, hier, à Amman, sur cette opportunité, le président Arafat aura ces mots: «je lui dis (à Peres) «sois le bienvenue», «mais le plus important est: «De quoi allons-nous discuter?». Tout le dilemme est là. Car M.Arafat indique: «Nous ne disons pas non aux propositions de nos amis européens, américains, ou russes, pour rencontrer (M.Peres) car nous sommes attachés au processus de paix en vertu des résolutions des sommets arabe et de l'ONU et en vertu du principe de La terre contre la paix» (adopté lors de la conférence de Madrid de 1991 ndlr). Un cercle vicieux que les Etats-Unis, parrains du processus de paix, n'auront rien fait pour ouvrir ou dépasser. Avec comme résultat, le retour à la situation prévalant avant 1987.