On se demande d'ores et déjà quelle portée aura la conférence sachant que ni les Etats-Unis, ni le Canada, ni l'Australie, ni les Pays-Bas, ni l'Allemagne, ni l'Italie, ou encore la Pologne n'y assisteront. Prétextant la présence du Président iranien pour justifier leur boycott, ces pays, et surtout l'Amérique d'Obama, laissent ici passer une occasion de permettre à l'humanité de faire un pas de géant vers le respect des droits de l'homme et de l'égalité. En effet, plusieurs pays ont annoncé leur non-participation à ce rendez-vous mondial sur le racisme devant assurer la suite de la première Conférence tenue à Durban en Afrique du Sud en 2001. Il s'agit des Etats-Unis, du Canada, de l'Australie, des Pays-Bas, de l'Allemagne, lde l'Italie, de la Pologne et d'Israël, qui ont confirmé à la dernière minute leur décision de boycotter la rencontre. Ces pays ont justifié leur refus, du moins pour certains, de participation par les craintes de dérapages liés à la venue du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a qualifié dimanche Israël de «porte-drapeau du racisme». Mais cette absence est liée à d'autres «considérations». Outre les craintes liées à M. Ahmadinejad, la plupart des pays occidentaux butaient encore dimanche sur le projet de déclaration finale produit par les diplomates et qui semblait avoir obtenu un consensus, s'inquiétant d'atteintes à la liberté d'expression. Le document, entériné vendredi par le comité préparatoire de la conférence, ne fait pourtant plus mention d'Israël ni de la diffamation des religions, deux «lignes rouges» pour les Occidentaux, tandis que le paragraphe sur la mémoire de l'Holocauste était maintenu contre l'avis de l'Iran. Israël et le Canada ont fait savoir depuis longtemps qu'ils boycotteraient le rendez-vous. L'Italie, qui a fait de même début mars, a confirmé sa décision dans la soirée d'hier. Quant aux Etats-Unis, ils «ne participeraient pas» en raison de passages du projet de déclaration finale relatifs aux discriminations religieuses, à Israël et au Proche-Orient qu'ils «ne peuvent pas accepter». Reconnaissant les «progrès» accomplis, les Etats-Unis ont toutefois déploré que figure dans le texte la réaffirmation de la Déclaration et Programme d'action de Durban (Ddpa) de 2001, document qu'ils n'ont pas adopté. La Ddpa comporte en effet deux paragraphes traitant du conflit israélo-palestinien que Washington conteste. Celui sur le «sort du peuple palestinien vivant sous occupation étrangère» figure qui plus est au chapitre des «victimes du racisme », ce qui revient de facto à assimiler l'occupation à du racisme. Par ailleurs, la Grande-Bretagne a annoncé sa présence. La France sera représentée par un ambassadeur à la conférence, mais menace de quitter la salle, comme les autres Européens présents, si le président iranien profère des «accusations antisémites». «Nous ne tolérerons aucun dérapage. Si le président Ahmadinejad veut rouvrir le texte difficilement accepté ou s'il profère des accusations racistes ou antisémites, nous quitterons la salle immédiatement», a prévenu Bernard Kouchner le chef de la diplomatie française. A noter que les pays occidentaux et la plupart des pays musulmans avaient accepté le projet de déclaration qui avait aplani les questions les plus controversées. Ban Ki moon : l'islamophobie est une forme de racisme l Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a qualifié « l'islamophobie » de forme de racisme, à l'instar de l'antisémitisme, en ouvrant ce matin lundi à Genève la Conférence sur le racisme dite de Durban II. « Le racisme est la négation pure et simple des droits de l'homme. Il peut être institutionnalisé, comme l'Holocauste nous le rappelle constamment. Il peut aussi s'exprimer de manière moins formelle comme la haine contre un peuple ou une catégorie particulière, comme l'antisémitisme, par exemple, ou plus récemment l'islamophobie », a-t-il déclaré. M. Ban, qui s'est dit « profondément déçu » de l'absence de certains pays, a déclaré : « Hors de ces murs, des groupes d'intérêt de nombreuses obédiences politiques et idéologiques se sont opposés dans un climat d'acrimonie. Eux aussi devraient être avec nous, et parler ». Hamas : les absents cautionnent les crimes d'Israël l Le mouvement palestinien Hamas s'en est pris ce matin lundi aux pays ayant décidé de boycotter la conférence de l'ONU «Durban II» sur le racisme, les accusant de «cautionner les crimes» commis par Israël contre les Palestiniens. Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a affirmé dans un communiqué que les pays, qui boycottent la conférence, ont vite plié aux pressions américano-sionistes exercées sur leurs dirigeants. «Le retrait de ces pays revient à cautionner les terribles crimes commis par l'entité sioniste contre les enfants et les femmes du peuple palestinien. Le retrait des Etats-Unis en particulier va à l'encontre des appels de Barack Obama à la paix, à la sécurité et au respect des droits de l'homme dans la région», ajouté M. Barhoum. «Ce retrait montre qu'aucun changement n'est survenu dans la politique du parti pris en faveur d'Israël de l'administration américaine», a-t-il poursuivi.