Même si les dépenses des Algériens augmentent pendant cette période, leur consommation restera inchangée. L'Etat vient au secours des Algériens démunis. Trois milliards de dinars leur sont alloués. La somme servira à financer le couffin de Ramadhan. Une opération qui s'étalera sur seulement trente jours. Elle sera chapeautée par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger. La mesure prise par les pouvoirs publics revient à chaque mois de jeûne. L'opération est louable certes, mais d'aucuns estiment que c'est une mesure qui s'ajoute à une pléthore d'autres mises en place par le gouvernement pour, le moins qui puisse être dit, encourager l'assistanat. Elle est, en sus, classée dans la longue liste des opérations, on ne peut plus populistes, élaborée par l'Etat. Il faut préciser que la cagnotte allouée par les pouvoirs publics aux Algériens pendant le mois de Ramadhan servira seulement à garantir leur approvisionnement en denrées alimentaires. A analyser soigneusement cette mesure, l'on est forcé de croire que, durant le restant de l'année, les Algériens entrent en une longue et profonde hibernation. C'est du moins ce que suppose l'action entamée par l'Etat en cette période de l'année. Pour un Algérien moyen, le budget de 300 milliards de centimes est faramineux. Il devient d'autant plus colossal lorsqu'on sait qu'il sera dépensé exclusivement au mois de Ramadhan. Mais où va cet argent? Qui en bénéficiera? Il faut rappeler, en ce sens, le «scandale du couffin» soulevé récemment dans la wilaya de Sétif. En effet, sur les 13.500 couffins distribués l'année dernière, «l'on a pu trouver ou on en a pu retrouver la trace chez seulement 5160 bénéficiaires. Près de 1000 couffins ont été octroyés de façon illégale aux ex-élus», rapporte le quotidien El Watan qui cite Abdelwahab Zouaoui, l'actuel vice-président, chargé de l'action sociale et de la solidarité au niveau de l'APC de Sétif. Des cas de ce genre sont enregistrés pratiquement chaque année. A vos calculatrices, si le même chiffre est relevé dans chaque wilaya. Par ailleurs, les interrogations posées en haut «valent la chandelle», notamment lorsqu'on sait que l'Algérie ne dispose pas de statistiques fiables quant au nombre exact de ses démunis. Une enquête réalisée, en 2006, par l'Agence nationale de l'aménagement du territoire (Anat), pour le compte du ministère de la Solidarité nationale, indique que l'Algérie compte pas moins de 1,5 million de pauvres. Selon les estimations des programmes des Nations unies pour le développement et de la Banque mondiale, le taux d'Algériens qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté, représente plus de 6,5 millions. Qui dit vrai, qui dit faux? Tant que l'Algérie ne dispose pas d'institutions qui se chargent d'établir les statistiques sur la pauvreté, l'opération peut-être faite par le tout-venant. Toutefois, quelles que soient les statistiques avancées par les uns et les autres, et quelle que soit la lecture qu'on en fait, une question s'impose par elle-même: est-ce l'ensemble des Algériens démunis, vivant au-dessous du seuil de pauvreté, qui bénéficieront des aides de l'Etat pendant le mois de jeûne? Cette question ne va pas sans faire appel à une autre, plus pertinente: pourquoi le fameux couffin n'est distribué que pendant le mois sacré de Ramadhan? A cette question, l'on est forcé de croire que le mois de jeûne est le mois de la «bouffe» par excellence. Certes, les dépenses des Algériens augmentent pendant cette période, néanmoins leur consommation restera inchangée. Rien ne changera en la matière, même si une véritable métamorphose est perceptible dans les comportements de nos concitoyens. De par ces habitudes, parfois démesurées, les Algériens contribuent, indirectement, à la débâcle économique du pays. Accepter par mimétisme comme les moutons de Panurge, l'assistanat de l'Etat, est aussi une forme de responsabilité dans l'irresponsabilité. Enfin, la véritable, la preuve concrète de l'échec annoncé de la transition du pays d'une économie dirigée à une économie de marché est perceptible en particulier, au mois de Ramadhan. Il suffit de porter son attention au changement soudain des habitudes des Algériens. Décidément, on n'est pas encore sortis de l'auberge. Le couffin de Ramadhan le confirme.