Des échanges vifs, parfois durs, et surtout souvent gratuits éclatent, donnant lieu à des spectacles où certains dans leur tentative de calmer les esprits aggravent la tempête. Le Ramadhan 2008 était, hier, à son deuxième jour. Annoncé, particulièrement chaud, il l'était pour les corps, les esprits et les bourses. Un soleil de plomb, un taux d'humidité élevé, des ventres vides, le décor est bien planté pour des scènes qui ne surprennent plus personne. Les nouvelles habitudes prennent forme. Le rythme ralentit. La ville s'est réveillée tard. Les plus matinaux n'ont ouvert leurs boutiques qu'aux environs de neuf heures du matin. Il ne faut surtout pas avoir une urgence matinale. Vous risquerez fort de déchanter. Les matinées à Béjaïa ont changé. La métamorphose est visible partout. Très peu de magasins d'ouverts, les cafés? n'en parlons pas. Il paraît que c'est interdit par la loi. Les gens sont nombreux à manifester des signes d'énervement. La circulation automobile se fait moins dense. C'est peut-être l'unique chose de positive pour les matinaux. Les marchés de la ville sont les seuls à connaître l'animation le matin autrement on se croirait dans une ville morte. Dans les marchés, on n'achète presque rien. On consomme avec les yeux, tant les prix ont atteint l'inimaginable. Si la plupart des consommateurs déambulent et donnent l'impression de flâner plus que de faire les courses, il en est d'autres qui cherchent n'importe quel prétexte pour des disputes. Et ne soyez surtout pas surpris par les escarmouches verbales. Entre les automobilistes, les piétons, dans les boutiques, les administrations et même dans les rues, on n'échappe pas facilement aux premiers effets de la soif avant que ceux de la faim n'arrivent pour compliquer davantage la situation relationnelle entre les gens. La colère prend facilement. Les prises de bec sont légion. Des échanges vifs, parfois durs, méchants et surtout souvent gratuits, éclatent donnant lieu aux spectacles que certains dans leurs tentatives de calmer les esprits aggravent la tempête. La Ramadhan est prétexte à tous les esclandres. C'est à chaque fois la faute au Ramadhan. L'après-midi diffère de la matinée. Outre la circulation automobile qui s'amplifie, les jeûneurs passent leur temps à faire les chaînes. Des chaînes devant le boucher, l'épicier, le limonadier...etc. on fait la chaîne pour acheter le pain, le pain brioché, les z'labias, le kalbelouz, la limonade, les fines herbes... le moindre attroupement attire l'attention. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que les sachets s'emplissent de tant de choses achetées à tort et à travers parfois sans même s'en rendre compte. L'Algérien passe son temps à dépenser. Et l'on crie à la flambée. Quelque chose ne va pas sans doute. La contradiction est flagrante. D'un côté, on dénonce la flambée des prix des produits alimentaires, de l'autre on s'offre des aliments superflus. On crie à l'arnaque pour un kilo de salade à 80 dinars, on fait la chaîne pour une z'labia à 200 dinars. Allez-y comprendre quelque chose! Le Ramadhan c'est comme ça et pas autrement. Les habitudes reviennent en dépit de tout.