Parler de soirées culturelles relève de la science-fiction. Une bonne demi-heure après la rupture du jeûne, les ruelles de la ville de Tizi-Ouzou et tous les villages de la wilaya renouent brusquement avec l'animation. Toutefois, cette animation ne rime pas avec de riches programmes culturels. C'est juste la nuit qui rend ce qu'elle doit au jour et rien de plus. Après, l'hibernation imposée, le jour, par la fermeture des cafés maures et l'absence des lieux de loisirs, les gens retrouvent le plaisir de s'asseoir autour d'une table, l'espace d'une heure, pour discuter de leurs préoccupations quotidiennes. Parler de programmes culturels relèverait de la science-fiction hormis les soirées qu'abrite la Maison de la culture Mouloud- Mammeri de la ville de Tizi-Ouzou. En effet, l'unique animation culturelle de ce mois sacré se tient chaque nuit, au niveau de cet établissement culturel. De grands noms de la chanson kabyle sont attendus d'ailleurs. Le public sera gratifié par des stars de la chanson de fête représentée par Mohammed Allaoua, et la chanson à texte par Lounis Aït Menguellet. D'autres figures seront aussi présentes comme Akli Yahiaten, Djamel Allam, et Yasmina. Les présents auront la surprise de voir les passages, rares sur scène d'artistes comme Haddad Fatah ainsi que Chérif Hammani. Mais, hélas, le public ne sera composé que des familles de la ville et seulement proches de la Maison de la culture. Ce n'est plus comme autrefois, lorsque le public arrivait en vagues des localités les plus reculées de la wilaya. Aujourd'hui, les gens ne viennent plus à cause, d'un côté, de la dégradation de la situation sécuritaire et la constante angoisse du couffin, d'un autre côté. Quant aux soirées culturelles dans les villages, celles-ci sont quasiment inexistantes. Les maisons de jeunes qui accueillaient auparavant des galas et des animations théâtrales sont, à présent, livrées à la déchéance. Dans la majorité des villages de la wilaya, seuls les cafés maures ouvrent, le soir, après la rupture du jeûne. Les soirées sont consacrées à l'occupation privilégiée des gens, le loto. Ceux qui font de ce loisir coûteux leur préférence sont généralement contraints de rentrer chez eux ou de discuter en marchant le long des routes. La morosité et la platitude sont l'unique caractéristique des soirées du mois de Ramadhan dans les villages. Les nuits ne peuvent donner que ce qu'elles reçoivent le jour. En ce mois ou pendant toute l'année, les autorités se doivent de repenser toute la politique visant à développer les centres de loisirs. Et, ce jour-là, ce ne seront pas uniquement les cafés qui réuniront les gens. Mais le problème est, avant tout, culturel.