La spirale de la violence ponctuée par le cycle attaques-suicide-représailles israéliennes semble être sans fin... D'autant que la communauté internationale donne l'impression de refuser de replacer le contentieux proche-oriental dans son contexte de lutte de libération. L'attaque-suicide d'un kamikaze palestinien, dans la soirée de jeudi, contre une pizzeria à Jérusalem-Ouest, ayant entraîné la mort de 16 personnes - dont le jeune kamikaze palestinien - et occasionné des blessures, plus ou moins graves, a quelque 90 autres personnes, entre dans le cadre du cycle infernal qui marque depuis plus de dix mois les relations israélo-palestiniennes. Mais encore faut-il replacer cette spirale de violence dans son contexte réel qui demeure la résultante directe de l'irrédentisme et du refus israélien d'envisager d'autres solutions au dossier palestinien que ceux que Tel-Aviv veut imposer, autant aux Palestiniens qu'à la communauté internationale. Or, si la situation au Proche-Orient a atteint ce degré de gravité, cela est dû, également, au fait de la cécité de la communauté internationale qui rechigne à s'impliquer davantage dans ce dossier ne serait-ce qu'en appuyant de manière un peu plus convaincante, sinon plus engagée, la présence aujourd'hui incontournable d'une force internationale d'interposition. Que celle-ci soit, ou non, agréée par les deux parties. Or, la seule partie qui refuse obstinément une telle force internationale, c'est encore Israël appuyé, dans son irrédentisme et contre toute logique, par les Etats-Unis. Pourquoi Israël s'oppose-t-il catégoriquement à la présence d'observateurs internationaux si effectivement il était mû par le seul souci de rétablir le calme et l'apaisement propices à la reprise du processus politique, seule issue envisageable et acceptable par les Palestiniens? En vérité, Tel-Aviv ne veut point d'une telle force qui, outre l'officialisation de la ligne de partage entre Israël et les territoires occupés, mettra fin, par ailleurs, aux prétentions des Israéliens d'être seuls maîtres d'oeuvre de toute solution au contentieux du Proche-Orient. Le dossier palestinien à ce que l'on sache, n'est point un problème interne israélien, mais bien une question qui mobilise la communauté internationale depuis plus d'un demi-siècle. Pour le dossier proche-oriental, la seule alternative est la reprise du processus politique devant déboucher sur l'érection d'un Etat palestinien indépendant. Toute autre démarche destinée à maintenir le peuple palestinien sous le joug de l'occupation israélienne, est, dès lors, vouée à l'échec. C'est à l'évidence cet aspect du problème qui n'est pas suffisamment pris en charge par la communauté internationale. Car il ne suffit pas de condamner les attaques-suicide des Palestiniens (auxquels Israël n'aura laissé que ce moyen de faire connaître leur cause) sans autrement mettre en garde Israël contre tout dépassement. La communauté internationale condamne, ou s'émeut, des attaques-suicide palestiniennes, sans en faire autant pour ce qui est des représailles meurtrières israéliennes (même si elle ne les approuve pas) contre des objectifs civils et institutionnels palestiniens (singulièrement les sièges de l'Autorité palestinienne qui demeure le seul interlocuteur officiel des Israéliens). Cela s'est encore produit, hier, par le bombardement par des F16 de l'aviation militaire israélienne de la ville autonome palestinienne de Ramallah, de même que la fermeture, hier matin, de la Maison d'Orient à El-Qods-Est, siège officieux de l'OLP. En s'attaquant directement aux représentations officielles ou officieuses des Palestiniens dès sa prise de pouvoir en février dernier, Ariel Sharon veut, à l'évidence, couper tous les ponts entre les deux parties rendant de la sorte illusoire toute tentative de renouer les fils entre les deux communautés juives et arabes dans une fuite en avant, hélas, confortée par l'attentisme américain et le peu d'engagement de la communauté internationale et singulièrement de l'ONU curieusement absente d'un contentieux justement ouvert par le partage inique de la Palestine historique par le Conseil de sécurité des Nations unies. Maintenant, s'il ne s'agit plus de revenir sur ce qui est fait, il est, en revanche, toujours temps pour l'ONU, de reprendre en main un contentieux qui relève constamment des instances onusiennes par la mise en oeuvre des résolutions (notamment les résolutions 242 et 338 ) ayant trait aux territoires occupés. Aussi, ne sert-il à rien que la communauté internationale s'émeuve de ce qui se passe dans les territoires palestiniens occupés (cela dure depuis plus de dix mois) sans qu'elle se donne les moyens d'y mettre un terme. Et ces moyens demeurent la mise sur pied d'une force internationale d'interposition entre les deux belligérants, comme cela s'est produit en ex-Yougoslavie et dans les autres contrées ou perdurent des conflits. Toute autre démarche et approche ne peut signifier qu'une fuite de responsabilité de la part de la communauté internationale et prioritairement de l'unique puissance mondiale, les Etats-Unis.