28 septembre 2000-28 septembre 2004, entre ces deux dates, près de quatre mille Palestiniens ont été tués par les forces d'occupation israéliennes. Trois Palestiniens ont été assassinés hier à Ghaza par l'armée israélienne et un quatrième en Cisjordanie par un colon, cinq autres blessés à Jénine dans une vaste opération des forces d'occupation israéliennes. Ainsi, depuis le 28 septembre 2000 et le début de la seconde intifadha -dont on célèbre aujourd'hui le quatrième anniversaire - près de quatre mille Palestiniens ont été assassinés par les forces d'occupation israéliennes qui, dans le même temps, ont détruit l'infrastructure palestinienne et mis l'économie des territoires occupés à l'agonie. De fait, pour les Palestiniens, ces quatre années ont été une descente aux enfers qui a vu les acquis de décennies de résistance se diluer du fait conjugué des représailles israéliennes et de l'indifférence de la communauté internationale plongeant les territoires occupés dans le désastre. Israël a de fait mis à profit ces circonstances pour détruire et déstructurer l'Autorité autonome palestinienne, devenue au fil des ans une institution vide de prérogatives et surtout sans pouvoir. Cela s'ajoute au fait que la figure emblématique de la résistance palestinienne, le président Yasser Arafat, quasiment neutralisé par son assignation à résidence dans le QG de la Mouqataâ, à Ramallah, depuis le 3 décembre 2001 n'est plus d'aucune aide et devient même un boulet pour la résistance palestinienne. Dans ce combat inégal, soutenu pleinement par l'administration Bush - dont l'aveuglement sur le dossier proche -oriental n'a d'équivalent que la mansuétude dont elle fait montre envers l'Etat hébreu - Israël a mis à profit la situation internationale induite par la lutte antiterroriste pour faire l'amalgame, à tout le moins facile, entre la lutte que mène le peuple palestinien pour la reconnaissance de ses droits spoliés, et le phénomène terroriste international, avec lequel la résistance palestinienne n'a aucun lien. En fait, contrairement à la première intifadha qui replaça le conflit israélo-palestinien dans son vrai contexte de guerre de libération, et de l'application des différentes résolutions du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 242 de juin 1967 et 338 d'octobre 1973 - imposant toutes les deux à Israël de se retirer des territoires palestiniens occupés tels que qualifiés par les Nations unies - la seconde intifadha, mal comprise au niveau international, a dévié vers la violence, qui n'a pas servi en fait les intérêts du peuple palestinien, qui s'est laissé enfermer par l'armée d'occupation israélienne dans une logique de violence ayant desservi les Palestiniens. Quand Israël bombarde avec des F-16 les territoires palestiniens, utilise des missiles tirés à partir d'hélicoptères de combat Apache et Cobra contre la population, lorsque l'armée israélienne, fait de l'assassinat ciblé des responsables et dirigeants palestiniens l'un de ses objectifs stratégiques, la communauté internationale, sinon approuve ces crimes, du moins fait semblant de n'avoir rien vu, mais quand ce sont les Palestiniens qui organisent des opérations kamikazes, l'opération suicide étant leur seule arme contre les F-15, F-16, les blindés et les chars israéliens, les condamnations unanimes fusent de tous les côtés. Et si la problématique palestinienne perdure depuis les années quarante, c'est bien parce que la communauté internationale n'a jamais voulu assumer son implication dans un conflit où elle a une bonne part de responsabilité en n'ayant pas eu le courage de condamner, quand il le fallait, Israël pour ses crimes contre l'humanité, perpétrés dans les territoires palestiniens occupés dont témoigne amplement le génocide commis à Jénine en mars-avril 2002, Israël empêchant même une commission de l'ONU, dirigée par l'ancien président finlandais, d'enquêter sur place. Aussi, le dossier israélo-palestinien est avant tout un échec de la communauté internationale qui n'a pas su, ou voulu, imposer à l'Etat hébreux de respecter le droit et les lois internationales notamment en l'amenant à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, d'une part, en imposant une force internationale d'interposition entre les belligérants d'autre part, afin de séparer les deux antagonistes et arrêter, un tant soit peu, l'effusion de sang, parmi les populations palestinienne et israélienne. Cette impuissance de la communauté internationale apparaît dans toute son ampleur par le gâchis de la mise en oeuvre de la «Feuille de route» censée donner naissance à l'Etat palestinien indépendant à l'horizon 2005. Adoptée le 20 décembre 2002 par le quartette (ONU, USA, Union européenne et Russie) la «Feuille de route», énième plan de paix international, est restée dans ses starting-block du fait du refus d'Israël d'en appliquer l'ensemble des articles. Or, en 2004, et à quelques mois du fameux «horizons 2005», l'érection d'un Etat palestinien n'a jamais été aussi éloignée qu'elle ne l'est en cette quatrième année du troisième millénaire. Aussi, le moins qui puisse être dit, et nonobstant les circonstances qui ont présidé à sa naissance - la profanation par Ariel Sharon de l'Esplanade des Mosquées le 28 septembre 2000 - la seconde intifadha, tous bilans faits, reste un échec patent pour la résistance palestinienne d'une part et, singulièrement, l'échec du président Arafat qui, sans doute, n'a pas su apprécier l'ensemble des données du conflit israélo-palestinien d'autre part, qui a, a contrario, fragilisé au plan international un combat qui avait toute la sympathie de la communauté internationale. Aussi, il appartient aux Palestiniens, toutes tendances confondues, de tirer les leçons de la seconde intifadha afin de rectifier le tir et de replacer la résistance dans son contexte qui reste la libération de Ghaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, de l'occupation israélienne.