Une quarantaine de morts, entre Palestiniens et Israéliens, ont été dénombrés au cours des dernières vingt-quatre heures. L'attentat suicide de Jérusalem-Ouest de samedi soir a fait une dizaine de morts israéliens. Hier matin dans une attaque palestinienne contre un barrage près de la colonie d'Ofra (en Cisjordanie) les soldats israéliens laissèrent sur le terrain, outre sept d'entre eux, deux colons, et plusieurs blessés. Ainsi une vingtaine d'Israéliens ont succombé ces dernières heures aux attaques des brigades palestiniennes en réplique au carnage, jeudi et vendredi, commis par l'armée israélienne dans les camps de réfugiés palestiniens de Balata (Naplouse) et de Jenine où plus de vingt Palestiniens, dont une fillette de huit ans, ont été assassinés par l'armée d'occupation israélienne. Cette spirale de la violence dans les territoires occupés, et en Israël même, répond à la logique de guerre imposée par le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon. Une logique de l'absurde confortée cependant par la pusillanimité montrée jusqu'ici par la communauté internationale incapable de condamner, enfin, la surenchère israélienne et la responsabilité des dirigeants israéliens dans l'explosion de la violence au Proche-Orient et le refus d'Israël de l'envoi d'une force internationale d'interposition dans les territoires occupés. Après les sanglantes incursions de l'armée israélienne dans les camps palestiniens de Balata et de Jenine, provoquant la mort de plusieurs Palestiniens, Washington s'est contenté d'admonester Tel-Aviv et de conseiller «la retenue» aux Israéliens, quand l'administration américaine a été prompte à «condamner» ce que le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher, dénomme «ignominie terroriste» appelant de la même manière Yasser Arafat, un homme prisonnier et otage de Sharon «de faire tout ce qui est possible pour arrêter les terroristes». Tout le drame du Proche-Orient est là, singulièrement dans les prises de position à sens unique des Etats-Unis, lorsque la superpuissance mondiale, parrain du processus de paix, censée être équitable, utilise sa puissance pour conforter les oukases de l'occupant israélien, tout en condamnant la résistance palestinienne à cette même occupation étrangère. Il est pourtant loisible aux Etats-Unis, comme ils ont su l'imposer lors de la crise yougoslave du Kosovo, d'arrêter ces tueries en souscrivant à l'envoi d'une force internationale d'interposition à même de séparer les belligérants et de permettre un retour progressif au calme pour laisser enfin la parole aux diplomates des deux parties au conflit. En faisant sienne la vision israélienne, axée sur le seul fait sécuritaire, Washington réduit la question proche-orientale à une problématique interne à l'Etat hébreu. Ce qui n'est pas le cas, les résolutions 242 et 338 de l'ONU attestant bien que nous sommes en présence d'un contentieux entrant dans le cadre de la décolonisation, Israël occupant depuis 1967 des territoires arabes et notamment palestiniens. Aussi, il n'y a, aujourd'hui, d'autres choix au retour de la légalité internationale que la reprise par l'ONU de tous ses droits dans le processus de paix au Proche-Orient et l'application par Israël des résolutions, sus-citées, de même que l'obligation pour Tel-Aviv d'honorer ses engagements dans le cadre des accords d'Oslo. Dans ce contexte la reprise de la résolution du Conseil de l'ONU prévoyant l'envoi d'une force internationale dans les territoires occupés, bloquée à l'époque (en mars 2001) par le veto américain, demeure l'unique opportunité de sortir du meurtrier tête-à- tête israélo-palestinien prévalant dans les territoires occupés. Il ne suffit plus de déplorer, comme le fait Javier Solana, haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, «la spirale de la violence qui ne mène nulle part» sans exiger, pour ce faire, l'envoi d'une force d'interposition entre les deux parties, seule décision à même d'instaurer le calme propice à la reprise du dialogue, comme le souhaite le diplomate européen. Il faudra bien que la communauté internationale comprenne que seule une intervention d'une force tierce mettra un terme à cette montée en spirale de la violence condamnée de partout alors que personne n'ose proposer la seule solution capable d'y mettre fin. Israël ne peut, en tout état de cause, être considéré comme un Etat au-dessus des lois internationales en vigueur notamment les résolutions pertinentes de l'ONU sur le dossier palestinien. La communauté internationale sait aussi, incontestablement, que toute autre approche, qui ne prend pas en compte le droit du peuple palestinien à ériger son Etat indépendant avec El Qods-Est pour capitale, est vouée à l'échec. En attendant le sang continue à couler dans les territoires palestiniens parce qu'un criminel de guerre, Ariel Sharon, a décidé que les Palestiniens n'auront droit ni à leur Etat ni à l'indépendance. Aussi bien, la résistance palestinienne, tant que ses droits ne seront pas reconnus, n'est pas prête à baisser la garde. Car dans les territoires occupés il n'y a point de terroristes, il y a seulement un peuple qui lutte pour faire admettre ses droits.