Israël cherche délibérément à provoquer une nouvelle vague de terreur dans la région. Encore une fois Israël a privilégié la force à l'exclusion à toute autre manière de chercher à arrêter la spirale de la violence au Proche-Orient. L'attentat suicide de samedi à Haïfa, -ayant induit la mort de 19 Israéliens, en plus de la kamikaze palestinienne auteur de l'opération-, aurait dû inciter les responsables israéliens à réfléchir plus sérieusement à la manière d'arrêter cette spirale de la violence en coopération avec les Palestiniens. En fait, Israël, aurait dû sans doute admettre qu'il n'y avait pas d'issue à ce conflit si ce n'est l'application pleine et entière (par les Israéliens et les Palestiniens) des résolutions de l'ONU et des différents processus de paix, demeurés en suspens, du fait de l'intransigeance israélienne, Israël prétendant avoir la sécurité sans céder les territoires. En vérité, c'est ici que se situe le noeud gordien du problème, car Israël n'a pas compris ou refuse de comprendre, que la meilleure protection de l'Etat hébreu, c'est encore l'existence d'une frontière dûment reconnue, -entre les deux entités israélienne et palestinienne-, sous garantie internationale. Ce que l'Etat hébreu a toujours refusé, faisant bloquer au contraire, par le veto des Etats-Unis, les résolutions proposant la mise sur pied d'une force internationale d'interposition entre les deux parties belligérantes. L'attentat-suicide de samedi en fait, montre, mieux que toute autre démonstration, l'inanité du «mur de sécurité» qu'Israël s'échine à construire depuis l'année dernière, lequel, mur mord profondément dans les territoires palestiniens occupés. En réalité, la politique actuelle de Sharon et de son cabinet de guerre est suicidaire pour l'Etat hébreu. En faisant de la politique de représailles et de répression le seul vecteur de «dialogue» avec les Palestiniens, les autorités israéliennes ferment, en fait, aux Palestiniens toutes les issues de voir un jour édifier leur Etat indépendant. Or, un peuple acculé, peut estimer n'avoir d'autre alternative que de continuer à se battre avec ses seuls moyens d'aujourd'hui : le sacrifice humain. Non, les Palestiniens n'ont vraiment rien à perdre, eux qui sont globalement identifiés par Israël comme terroristes. Aussi, si effectivement les parrains du processus de la «feuille de route» voulaient voir s'instaurer la paix entre les deux peuples, ils avaient le devoir d'imposer aux deux parties la mise en application du processus de paix en commençant par séparer les belligérants par une force internationale. Cela ne s'est pas fait et ne semble pas avoir été prévu, car, à l'évidence, la communauté internationale était d'abord attentive à ne pas se faire accuser d'antisémitisme par Israël. De fait, en ménageant excessivement l'Etat hébreu, quand elle est très ferme envers tout autre pays contrevenant aux lois internationales, la communauté internationale a quasiment donné le feu vert de la liquidation de tout un peuple, en ne sachant pas dire trop c'est trop, notamment lorsque Israël a fait de la politique de liquidation physique des dirigeants palestiniens le fer de lance de sa politique d'endiguement de la résistance palestinienne. Le résultat en est que les Palestiniens en sont venus à défendre leur droit de créer leur Etat par tous les moyens qui sont à leur portée, luttant contre la seule puissance de la région qui emploie contre eux des hélicoptères de combat, Apache et Cobra, des bombardiers F15 et F16, des chars et des blindés dont Israël use et abuse, comme dans les deux attaques héliportées dans la bande de Gaza et une autre à Jénine, en plus du dynamitage de deux maisons, celle d'un chef local du Jihad islamique, qui revendiqua l'opération de Haïfa et la maison de la jeune palestinienne auteur de l'attentat suicide. Les attentats suicide de jeunes Palestiniens sont devenus, dès lors, une réponse désespérée d'un peuple oublié qui n'arrive pas, depuis 56 ans à faire garantir par la communauté internationale son droit à fonder son Etat. Dans les conditions imposées par Israël au peuple palestinien, -bouclage depuis trois ans des territoires occupés mettant au chômage la presque-totalité de la population active ayant eu pour conséquence l'effondrement de l'économie des territoires- ne leur laissent d'autre alternative que de considérer Israël comme un champ de guerre ouvert, au même titre que les territoires occupés. En faisant chorus avec Israël, identifiant la résistance palestinienne au terrorisme, les Etats-Unis, principaux «parrains» du processus de la «feuille de route», n'ont pas voulu reconnaître que c'est la politique de Sharon dans les territoires palestiniens qui est suicidaire pour la communauté juive et est totalement improductive, la force ne pouvant venir à bout d'un peuple acculé à se battre depuis plus d'un demi-siècle, depuis l'usurpation de son territoire. En occupant la totalité de la Palestine historique, Israël a de fait, interdit le partage imposé par la Résolution 181 du Conseil de sécurité (du 29 novembre 1947). La communauté internationale ne semble plus avoir les moyens de replacer le contentieux proche-oriental dans son cadre véritable, celui d'un peuple opprimé qui se bat pour la reconnaissance de ses droits et de son droit inaliénable à l'autodétermination. Cet axiome est parfaitement illustré par le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères déplorant la dégradation de la situation induite par les derniers attentats, et appelant Israël à «agir de façon équilibrée» ajoutant, «La Russie reconnaît le droit légitime d'Israël à l'autodéfense, mais nous estimons que le processus de paix ne doit pas devenir otage des terroristes». En fait, c'est ce genre de communiqué totalement surréaliste et déséquilibré, qui ne met pas de la même manière l'accent sur le droit des Palestiniens d'édifier leur Etat indépendant qui encourage les Israéliens à l'irrédentisme. Non, Israël n'est pas un super Etat et doit à l'instar des autres Etats de la communauté internationale se conformer et se plier au droit et aux lois internationales tels qu'édictés par les Nations unies. Et ce ne sont pas les raids comme ceux de la nuit de samedi à dimanche dans la bande de Gaza et à Jénine, ou celui d'hier contre la Syrie, -Damas se réserve le droit de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité-, qui contribueront à apaiser la situation ou donner un sens à la «feuille de route», plus que jamais sans objet.