Le président José Eduardo dos Santos, qui dirige l'Angola depuis 29 ans sans avoir jamais reçu l'adoubement d'élections crédibles, disposera d'une vaste majorité au Parlement issu des premières législatives organisées depuis la fin de la guerre civile en 2002. Son parti, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA, d'origine marxiste), a remporté 81,65% des suffrages lors des élections de vendredi, selon des résultats partiels portant sur la moitié des bulletins dépouillés, a annoncé hier la commission électorale. Bénéficiant en outre de la légitimité d'une très forte participation, le MPLA a obtenu la majorité dans les 18 provinces du pays, a précisé Adao de Almeida, le porte-parole de la Commission, en annonçant ces résultats sur 49,68% des bulletins. Avec 10,59% des voix, l'ancienne rébellion, l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), est très largement devancée par le MPLA jusque dans ses anciens fiefs du centre du pays: Bié, Huambo et Benguela. L'ampleur de la victoire du MPLA est à double tranchant, a souligné le porte-parole du parti pour la province de Luanda, Manuel Fragata de Morais. «Nous devons nous montrer très humbles», a-t-il déclaré «Nous devons réfléchir très attentivement aux attentes que cette victoire sans appel implique (...) Le peuple angolais nous a placés dans une position où nous ne pourrons pas nous permettre de le décevoir». Les deux tiers des 16 millions d'Angolais vivent avec moins de deux dollars par jour, dans un pays qui dispute au Nigeria la place de premier producteur de pétrole d'Afrique. Le MPLA, au pouvoir depuis l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise en 1975, avait indiqué pendant la campagne qu'il comptait décrocher une majorité qualifiée des deux tiers, qui lui permettrait de modifier la Constitution. Avant le scrutin, le MPLA disposait à l'Assemblée nationale de 129 sièges sur 220, contre 70 à l'Unita. Pendant la campagne, le parti au pouvoir a éclipsé les autres formations, bénéficiant d'une couverture quotidienne dans les médias d'Etat axée sur la reconstruction d'un pays dévasté par 27 années de guerre. De graves problèmes logistiques ont en outre entaché le scrutin dans les quartiers pauvres de Luanda, conduisant l'Unita à réclamer l'annulation des élections devant la Cour constitutionnelle. Le chaos qui a régné dans les opérations de vote de la capitale, où 90% des cinq à sept millions d'habitants vivent dans une misère noire côtoyant l'opulence de l'élite, «est un véritable scandale», a réitéré hier le chef du groupe parlementaire sortant de l'Unita, Alceidas Sakala. L'absence de listes d'émargement des électeurs, le manque de bulletins de vote et les délais dans le dépouillement indiquent que «le système n'est pas prêt à fonctionner de façon démocratique», a-t-il estimé. Selon l'Unita, le fait que les problèmes logistiques n'aient affecté que les quartiers pauvres de Luanda relevait d'une tactique délibérée «pour encourager l'abstention» là où le vote pro-gouvernemental n'était pas acquis. Luisa Morgantini, la chef de la mission d'observation de l'Union européenne (UE), s'était montrée très réservée samedi dernier, notant «des dysfonctionnements et des retards». L'Afrique australe n'a quant à elle pas attendu pour affirmer, dans des conclusions préliminaires, que le processus électoral avait été «crédible et transparent».