La campagne électorale s'ouvre aujourd'hui en Angola pour les premières législatives organisées depuis la fin de la guerre civile en 2002, mais le parti au pouvoir a d'ores et déjà pris une longueur d'avance. Pendant un mois, dix partis et quatre coalitions tenteront de convaincre les électeurs de voter pour leurs candidats aux élections législatives, qui serviront de test pour la stabilité du pays et la popularité du chef de l'Etat José Eduardo dos Santos, un an avant un scrutin présidentiel historique. Les élections législatives se jouent entre les grands rivaux du conflit: le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), au pouvoir depuis 33 ans, et l'ancien mouvement rebelle, l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita). Les dernières et uniques élections jamais organisées en Angola s'étaient déroulées en 1992 lors d'une trêve dans la guerre civile entamée dès l'indépendance du Portugal en 1975. Mais le leader de l'Unita, Jonas Savimbi, avait alors refusé d'admettre sa défaite, évoquant des résultats manipulés, et repris les armes. Seule sa mort, en 2002, avait mis un terme au conflit, qui a fait un total de 500.000 morts. Ce scrutin avorté, tout comme les récentes crises électorales au Kenya et au Zimbabwe, sont dans tous les esprits. Mais les acteurs politiques assurent que l'Histoire ne se répètera pas. «Nous avons tiré une leçon de ce qui s'est passé en 1992. Nous n'avons rien à apprendre du Kenya ou du Zimbabwe», a ainsi lancé récemment le président de l'Unita, Isaias Samakuva. «Nous allons organiser une élection qui sera exemplaire pour le monde», a assuré de son côté le président dos Santos. Pour l'instant, les préparatifs se sont déroulés sans accroc. Plus de huit millions d'Angolais se sont inscrits sur les listes électorales, la Commission nationale électorale (CNE) assure que la logistique est en place et les forces de l'ordre garantissent des «élections tranquilles». Des observateurs occidentaux et africains ont été invités à observer le déroulement du scrutin, et les premiers experts de l'Union européenne (UE) sont déjà sur place. A partir d'aujourd'hui, chaque parti en lice aura droit à cinq minutes d'antenne à la télévision d'Etat par jour et dix minutes à la radio. Selon la loi électorale, l'Etat finance les partis et le gouvernement a décidé d'allouer un peu plus d'un million de dollars à la campagne. «Ces sommes sont ridicules», s'emporte toutefois Joao Antonio, du Parti pour le progrès démocratique et l'alliance nationale en Angola. «Ce ne sera même pas assez pour acheter un 4X4 si on veut faire campagne dans les provinces rurales.» «J'espère qu'on ne recevra pas l'argent après l'annonce des résultats, comme en 1992», ajoute Filomeno Vieira Lopes, président du Front pour la démocratie. Arguant du manque de financements, les partis d'opposition n'ont pas encore organisé de meetings et n'ont pas affiché de posters dans les rues du pays. Par contre, les affiches louant la construction de ponts, de routes, d'écoles ou d'hôpitaux et les efforts du gouvernement «pour développer le pays et améliorer les conditions de vie» fourmillent, accompagnées de photos du président dos Santos. «C'est le travail de la machine de propagande du MPLA», relève l'analyste politique Ismael Mateus. «La stratégie consiste à promouvoir la reconstruction (...) de façon à ce que même ceux qui n'en bénéficient pas encore se disent qu'ils seront peut-être que les prochains à en profiter». L'Angola, qui vient de ravir au Nigeria la place de premier producteur de pétrole du continent, connaît une croissance rapide de l'ordre de 17% en 2007, mais 70% de sa population vit toujours avec moins de deux dollars par jour.